Le rétablissement des rorquals à bosse illustre la résilience et l'adaptabilité comportementale
Édité par : Olga Samsonova
Le rétablissement des populations de rorquals à bosse (Megaptera novaeangliae) représente un succès notable en matière de conservation marine, un phénomène observé avec intérêt par les chercheurs. Olga Filatova, scientifique spécialisée dans l'étude des mammifères marins, a indiqué que les observations de ces cétacés, autrefois rares dans ses zones de travail, sont désormais quasi quotidiennes, signalant une dynamique positive au sein de l'espèce. L'estimation actuelle de la population mondiale se situe autour de 80 000 individus, un chiffre qui contraste fortement avec le creux historique où l'effectif n'était plus que de 10 000 spécimens.
Ce redressement démographique est largement attribué à l'instauration du moratoire international sur la chasse commerciale à la baleine, décrété par la Commission Baleinière Internationale (CBI) en 1986. Malgré les contestations de nations comme le Japon, la Norvège et l'Islande, cette interdiction a permis une reprise significative, l'espèce ayant potentiellement retrouvé 93% de sa population d'origine. Les efforts de conservation, notamment ceux initiés par des organisations telles que le WWF dès 1961, ont contrasté avec le niveau de mortalité antérieur, où 66 000 baleines étaient tuées annuellement.
Un facteur clé de cette résilience réside dans la souplesse comportementale démontrée par les rorquals à bosse, particulièrement en ce qui concerne leurs stratégies alimentaires. Des études menées dans le détroit de Senyavin, en Russie, ont documenté cette adaptabilité: lorsque leur source de nourriture principale, le cabillaud polaire, venait à disparaître, les baleines basculaient vers le krill. Cette capacité à moduler leurs habitudes trophiques est considérée comme un élément essentiel de leur succès évolutif, une observation qui a été documentée dans la revue Marine Mammal Science.
Les chercheurs ont également mis en lumière des techniques de chasse économes en énergie, telles que le « trap feeding » (alimentation par piégeage), observée notamment en Colombie-Britannique dès 2011. Cette méthode implique que la baleine se positionne verticalement, bouche ouverte, tourne lentement sur place, puis ferme sa gueule pour capturer les proies piégées, une technique qui requiert peu d'effort, surtout en cas de faible densité de proies. D'autres stratégies sophistiquées, comme le « bubble net feeding », consistent à créer un mur de bulles pour confiner les bancs de poissons, une tactique observable au large de l'Alaska, où les baleines se nourrissent au printemps avant de migrer vers Hawaï en hiver.
Olga Filatova, dont les travaux portent également sur la conservation des épaulards dans l'Extrême-Orient russe, maintient un optimisme mesuré quant à l'avenir de l'espèce. Elle note que la fonte des glaces arctiques ouvre de nouveaux territoires d'alimentation pour les rorquals à bosse. Cependant, cette évolution climatique représente une préoccupation accrue pour les espèces intrinsèquement dépendantes de l'environnement arctique, comme la baleine boréale et le narval. La plasticité culturelle et comportementale observée chez les rorquals à bosse, illustrée par l'adoption de nouvelles techniques de chasse, comme celle observée dans le golfe du Maine dès 1980 après l'effondrement des stocks de harengs, constitue un atout face aux changements environnementaux rapides.
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Sources
Eurasia Review
EurekAlert!
Syddansk Universitet
Warp News
The Pew Charitable Trusts
University of Southern Denmark
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