La Gastronomie Italienne Intégrée au Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO

La cuisine italienne, pilier de la culture nationale et célébrée pour son approche intrinsèque de la durabilité et de la diversité bioculturelle, a officiellement été admise sur la prestigieuse liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO. Cette décision historique, qui marque une première mondiale en consacrant la cuisine entière d'un pays, a été entérinée à l'unanimité par le Comité Intergouvernemental de l'organisation, lors de sa session tenue à New Delhi, en Inde, le 10 décembre 2025. Cette distinction transcende la simple reconnaissance de recettes; elle valide une manière d'être à table, un ensemble de gestes transmis de génération en génération, et une identité profondément ancrée dans le tissu social italien.

Cette inscription met en lumière le rôle fondamental des « cuochi contadini », ces chefs-cuisiniers-paysans, ainsi que la richesse des productions agricoles locales, notamment celles de régions comme la Calabre. Des personnalités, dont le chef Filippo Cogliandro, ont souligné que cette reconnaissance représente à la fois un honneur et une responsabilité, affirmant que la cuisine est mémoire, identité et communauté. Des organisations professionnelles, telles que Coldiretti, saluent ce jalon comme un élan pour les traditions régionales et l'agroalimentaire. Selon une enquête Coldiretti/Censis, 94% des Italiens considèrent cette inscription comme une opportunité de développement économique pour la nation.

La portée économique de ce patrimoine vivant est considérable. La valeur globale de la gastronomie italienne est estimée à 251 milliards d'euros en 2024, affichant une croissance de cinq pour cent par rapport à l'année précédente, selon une analyse de Deloitte Foodservice Market Monitor 2025. Les marchés étrangers sont cruciaux pour cette valorisation, les États-Unis et la Chine cumulant à eux seuls plus de 65% de la consommation mondiale de produits italiens. Cette reconnaissance est également perçue comme un outil stratégique pour lutter contre le phénomène de l'« italian sounding », la contrefaçon de produits agroalimentaires italiens étant estimée par Coldiretti à 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Pour pérenniser et professionnaliser ce statut culturel, des mesures institutionnelles concrètes ont été annoncées. L'Académie de la Culture Alimentaire Italienne a été créée spécifiquement pour dispenser une formation professionnelle dans ce domaine. Parallèlement, l'Observatoire International de la Cuisine Italienne et du Bon Goût a été mis sur pied pour surveiller et optimiser la gestion de cet actif culturel immatériel. L'Académie italienne de la cuisine, existant depuis soixante ans, compte déjà environ 7000 membres répartis en 220 délégations en Italie et 80 à l'étranger, œuvrant à la valorisation des principes gastronomiques.

Cette distinction s'inscrit dans un contexte où l'identité italienne est valorisée au niveau politique, la Première ministre Giorgia Meloni ayant fait la promotion des produits « Made in Italy » comme un pilier nationaliste. L'inscription à l'UNESCO, qui fait suite à des reconnaissances antérieures pour des pratiques spécifiques comme l'art de la pizza napolitaine et du café expresso, confère désormais une stature globale à l'ensemble de la tradition culinaire italienne, la distinguant notamment du « repas gastronomique des Français » reconnu en 2010. L'impact attendu inclut un renforcement de l'attractivité touristique de la péninsule, un facteur déjà significatif pour l'économie italienne qui, fin 2024, a affiché un excédent primaire budgétaire, un fait rare parmi les pays du G7. Des institutions éducatives comme ALMA à Parme collaborent déjà avec des organismes comme l'ICE pour promouvoir ce patrimoine à l'échelle internationale.