Dapibus industrialise la protéine d'insecte avec un objectif de leadership européen d'ici 2030

La société de biotechnologie Dapibus, basée à Abrera, dans la province de Barcelone, structure son modèle économique autour de la production de protéines de haute valeur issues des larves de la Mouche Soldat Noire (MSN), Hermetia illucens. Cet insecte est reconnu pour sa capacité à valoriser des matières organiques en biomasse larvaire riche en protéines et lipides, se positionnant comme une alternative durable aux sources protéiques classiques, notamment pour l'alimentation animale.

L'activité principale de Dapibus repose sur son centre de biotransformation automatisé, une installation capable de traiter annuellement plus de 16 000 tonnes de déchets agroalimentaires. Ce processus de valorisation génère trois produits finis: une farine protéique, des graisses, et des fertilisants organiques désignés sous le nom de frass. L'optimisation de cette production à l'échelle industrielle est assurée par l'intégration stratégique de la robotique et de l'intelligence artificielle dans les opérations de l'entreprise. Cette automatisation garantit un approvisionnement stable pour des marchés cibles tels que l'alimentation pour animaux de compagnie (pet food), l'élevage de bétail, et le secteur de l'aquaculture.

Le marché européen des farines d'insectes, évalué à 303,49 millions USD en 2024, devrait connaître une croissance significative pour atteindre 2 312,99 millions USD d'ici 2032, selon un taux de croissance annuel composé de 28,90 %. L'ambition de Dapibus s'étend au-delà de ses capacités actuelles en Catalogne. La firme prévoit une expansion internationale marquée par l'inauguration d'une usine de production substantiellement plus grande d'ici 2030, une étape stratégique visant à établir Dapibus comme un acteur majeur sur le marché européen des protéines d'insectes.

Cette trajectoire de croissance est soutenue par un cadre réglementaire européen évolutif. L'utilisation des protéines d'insectes a été autorisée dans l'aquaculture dès 2017, suivie par son autorisation pour la volaille et le porc en 2022, stimulant ainsi les projets industriels. La farine de Mouche Soldat Noire, dont la teneur en protéines peut atteindre 50 à 65 % après dégraissage, est de plus en plus validée scientifiquement comme substitut crédible aux farines de poisson dans l'alimentation des poissons d'élevage. Le frass, sous-produit de la bioconversion, est également valorisé comme engrais organique, s'inscrivant dans une logique d'économie circulaire.

L'adoption de ces technologies, qui requièrent une faible surface comparativement à l'élevage traditionnel, s'aligne sur la dynamique globale visant à répondre aux défis de la sécurité alimentaire mondiale, projetée pour une population atteignant 9 milliards d'individus d'ici 2050. Le succès de cette industrialisation dépendra de la capacité à maintenir la qualité nutritionnelle des protéines tout en sécurisant l'approvisionnement en intrants organiques, un défi déjà rencontré par des initiatives similaires.