Intrusion Magmatique Sous Santorin et Kolumbo Expliquée par une Étude Internationale

Des chercheurs internationaux ont récemment publié dans la revue Science une clarification définitive concernant la séquence d'événements sismiques qui a affecté la zone de Santorin-Amorgos au début de l'année 2025. L'étude confirme que cette crise sismique n'était pas le résultat d'un glissement de faille tectonique, mais la conséquence d'une intrusion magmatique d'ampleur significative se propageant sous forme d'onde. Cette analyse a été rendue possible par l'application de l'apprentissage automatique pour décortiquer un corpus de plus de 25 000 tremblements de terre, utilisés comme capteurs de contrainte profonde pour cartographier le mouvement souterrain.

Les scientifiques, dont des membres affiliés à l'Institut des sciences de la Terre (ISTERRE-OSUG) et au CNRS, ont modélisé précisément la dynamique interne de la croûte égéenne. Cette irruption de matière en fusion a impliqué une masse de magma s'étalant sur une profondeur excédant les 20 kilomètres au sein de la croûte terrestre. L'origine de ce magma a été clairement identifiée comme provenant d'un réservoir commun reliant l'île de Santorin au volcan sous-marin actif de Kolumbo. Le volume de magma mis en jeu est estimé à l'équivalent de près de 200 000 piscines olympiques, illustrant l'intensité des forces géologiques en présence.

L'analyse détaillée a révélé que le magma s'est propagé par une série d'impulsions successives, provoquant l'ouverture et la fermeture de fractures, ce qui a engendré la haute fréquence des secousses ressenties par la population. Un élément crucial de cette découverte est que les chercheurs ont déterminé que le magma intrusif ne possédait pas la pression suffisante pour atteindre la surface, écartant ainsi les inquiétudes immédiates concernant une éruption volcanique imminente. Cette région des Cyclades est historiquement sujette à une intense activité tellurique, rappelons que l'éruption cataclysmique de Santorin eut lieu vers 1610 avant notre ère, et que le volcan sous-marin Kolumbo est entré en éruption en 1650 après J.-C.

L'étude collaborative, impliquant plus de 30 chercheurs issus de 13 instituts de recherche mondiaux, a confirmé le couplage entre les systèmes magmatiques de Santorin et de Kolumbo. Des données d'interférométrie radar (InSAR) et de GPS/GNSS, recueillies entre juillet 2024 et janvier 2025, avaient déjà indiqué une inflation de la caldeira de Santorin due à un afflux de magma dans un réservoir modélisé à environ 3,8 km de profondeur, avec un changement de volume estimé à 0,004 km³. La crise sismique, qui a débuté officiellement fin janvier 2025 avec des événements de magnitude allant jusqu'à 5, a vu plus de 28 000 séismes enregistrés en quelques semaines, bien que l'activité ait commencé dès la mi-septembre 2024.

L'utilisation de l'algorithme d'apprentissage automatique QuakeFlow par la British Geological Survey (BGS) a permis de détecter environ 1 500 séismes plus faibles dès décembre 2024, précédant la flambée de janvier 2025. Cette surveillance avancée, qui avait conduit à des évacuations et la fermeture des écoles à Santorin, est désormais essentielle pour établir un meilleur pronostic des événements futurs, comme l'a souligné le géophysicien Jens Carstens de GEOMAR. La crise de février 2025, bien que spectaculaire et ayant entraîné un exode de plus de 6 000 résidents de Santorin, s'est conclue par une décroissance progressive de l'activité, permettant aux scientifiques de scruter la région en détail pour détecter tout signe précoce de réactivation.