Six Géants de la Gestion d'Actifs Préparent les Premiers Trusts de Cryptomonnaies au Japon

Six institutions financières majeures au Japon, dont Daiwa Asset Management, Asset Management One, Amova Asset Management, Mitsubishi UFJ Asset Management, SBI Global Asset Management et Nomura Asset Management, finalisent actuellement des stratégies pour introduire les premiers véhicules d'investissement en cryptomonnaies du pays. Cette préparation proactive est directement liée à la refonte réglementaire anticipée par l'Agence des services financiers (FSA), dont l'aboutissement est attendu lors de la session parlementaire ordinaire de 2026. Ces acteurs majeurs se positionnent pour offrir ces nouveaux trusts aux investisseurs particuliers et institutionnels dès que le cadre légal sera établi.

Le catalyseur principal de cette transition est la volonté de la FSA de transférer la classification des actifs numériques du cadre de la Loi sur les services de paiement vers celui, plus structuré, de la Loi sur les instruments financiers et les échanges (FIEA). Ce changement de statut juridique est indispensable pour permettre l'intégration des cryptomonnaies dans les fonds d'investissement, nécessitant également des ajustements à la Loi sur les fonds d'investissement. Parallèlement, une proposition fiscale substantielle vise à ramener le taux d'imposition maximal sur les gains en actifs numériques de 55 % à un taux forfaitaire de 20 %, s'alignant sur la fiscalité des actions et obligations traditionnelles. Cette réduction fiscale est perçue comme un incitatif essentiel pour stimuler l'engagement domestique, le taux actuel de 55 % étant considéré comme l'un des plus élevés au monde.

SBI Global Asset Management affiche des ambitions significatives, prévoyant de lancer des fonds négociés en bourse (FNB) basés sur Bitcoin et Ether, en plus de développer des trusts crypto diversifiés. L'entreprise cible la gestion d'environ 5 billions de yens, soit l'équivalent de 32 milliards de dollars américains, dans les trois années suivant le lancement de ses produits. Cette projection illustre la confiance des gestionnaires dans la demande future une fois les barrières réglementaires et fiscales levées. Une enquête de Nomura datant de juin 2024 indiquait d'ailleurs que 54 % des gestionnaires sondés prévoyaient d'investir dans les actifs numériques dans les trois années suivantes.

Parallèlement à l'évolution des produits d'investissement, le paysage réglementaire japonais se densifie autour de l'infrastructure et de la stabilité. La FSA soutient activement un projet pilote de stablecoin adossé au yen, impliquant les trois mégabanques du pays: MUFG, SMBC et Mizuho, sous l'égide du Payment Innovation Project (PIP). De surcroît, des règles de garde plus strictes sont envisagées, imposant un enregistrement obligatoire aux fournisseurs de services de conservation tiers pour prévenir les failles de sécurité, une réponse directe aux incidents passés comme le piratage de DMM en 2024. L'ensemble de ces mesures, incluant l'introduction de prohibitions contre le délit d'initié sur le marché crypto, s'inscrit dans une stratégie nationale visant à faire du Japon une plateforme numérique compétitive.