Les marchés financiers européens ont réagi avec inquiétude à l'annonce par les États-Unis de l'imposition de tarifs douaniers de 100 % sur les médicaments de marque et brevetés provenant d'Europe. Cette mesure, qui entrera en vigueur le 1er octobre 2025, vise à encourager la production pharmaceutique nationale, avec des exemptions pour les entreprises ayant déjà entamé la construction d'installations aux États-Unis.
Suite à cette annonce, les actions de plusieurs géants pharmaceutiques européens ont connu une baisse notable. Novo Nordisk, Roche, Novartis et AstraZeneca ont vu leurs valeurs diminuer d'environ 1,8 % à 2 % sur la plateforme Tradegate. Cette réaction boursière souligne la sensibilité du secteur aux politiques commerciales et aux tensions géopolitiques. Les États-Unis représentent un marché crucial pour les entreprises pharmaceutiques européennes, et une telle mesure de rétorsion pourrait avoir des répercussions significatives sur leurs opérations et leur rentabilité.
L'objectif déclaré de cette politique est d'inciter les entreprises pharmaceutiques à établir des sites de fabrication sur le sol américain. Une exemption est ainsi accordée aux sociétés qui ont déjà commencé la construction de leurs usines aux États-Unis, y compris celles dont les projets sont en cours ou dont les sites ont été officiellement lancés. Des entreprises comme Roche ont déjà annoncé des investissements substantiels dans la fabrication aux États-Unis, Genentech ayant même lancé la construction d'une nouvelle usine de fabrication de médicaments contre l'obésité d'une valeur de 700 millions de dollars en Caroline du Nord en août.
L'impact de ces tarifs pourrait être plus prononcé pour les pays européens, notamment l'Irlande, la Suisse et l'Allemagne, qui sont d'importants fournisseurs de médicaments de marque et brevetés aux États-Unis. En 2024, les importations pharmaceutiques totales des États-Unis s'élevaient à environ 212,82 milliards de dollars, l'Irlande représentant 23,66 %, la Suisse 8,94 % et l'Allemagne 8,10 %. En revanche, l'Inde, dont les exportations vers les États-Unis sont principalement composées de médicaments génériques, pourrait être moins affectée.
Cette décision intervient dans un contexte où les États-Unis ont déjà mis en place des mesures visant à encourager la production nationale, notamment par le biais d'incitations fiscales telles que le crédit d'impôt pour l'augmentation des activités de recherche et développement (R&D) et les crédits d'impôt pour les médicaments orphelins. La réaction du marché, bien que marquée par une baisse initiale, semble également refléter une certaine anticipation de ces mesures. Les analystes soulignent que la plupart des grandes entreprises pharmaceutiques ont déjà annoncé des investissements considérables aux États-Unis, ce qui pourrait atténuer l'impact de ces nouveaux tarifs.
La clarté concernant les exemptions et l'alignement de ces tarifs avec les accords commerciaux existants entre l'Union européenne et les États-Unis, qui prévoient un plafond de 15 % pour les tarifs douaniers sur les produits pharmaceutiques, reste un point d'attention crucial. La situation évolue rapidement, et l'industrie pharmaceutique devra naviguer dans ce paysage commercial complexe pour assurer la stabilité et la croissance du secteur.