Le 29 septembre 2025, la Russie a officiellement entériné son retrait de la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT). Cette décision, approuvée par la Douma d'État le 17 septembre et le Conseil de la Fédération le 24 septembre, met fin à la participation de la Russie à cet accord international, ratifié en 1997 et entré en vigueur en 1998.
Les autorités russes ont justifié ce retrait par une perception de discrimination de la part du Conseil de l'Europe, soulignant l'absence d'un représentant russe au sein du CPT depuis 2023 en raison du blocage du processus électoral par le Conseil. Ce désengagement s'inscrit dans un contexte plus large de retrait de la Russie du Conseil de l'Europe en 2022, suite à son offensive en Ukraine. Le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que ce retrait n'affecterait pas négativement les citoyens russes, réaffirmant l'engagement du pays envers ses obligations internationales en matière de droits de l'homme.
Malgré le retrait de ce mécanisme de surveillance international, la Russie maintient que sa législation nationale offre une protection robuste contre la torture. L'article 21 de la Constitution russe garantit explicitement la dignité personnelle et interdit la torture et les traitements cruels. De plus, des amendements à l'article 286 du Code pénal russe, introduits en 2022, ont affiné la définition de la torture et renforcé la responsabilité en cas de son application. Eva Merkacheva, membre du Conseil des droits de l'homme auprès du Président russe, a précisé que cette dénonciation ne signifiait pas une légalisation de la torture en Russie, car la législation nationale continue de l'interdire.
Cependant, des préoccupations subsistent. Sergey Babinets, à la tête du « Comité contre la torture », a qualifié ce retrait de symptôme d'une tendance plus large de la Russie à se détourner des accords internationaux, craignant une diminution de la surveillance extérieure des droits de l'homme. Des rapports d'ONG et de médias indépendants, ainsi qu'une évaluation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont mis en lumière des allégations de violations graves du droit international et d'actes de torture, notamment à l'encontre de prisonniers de guerre ukrainiens, pouvant constituer des crimes de guerre. Deux rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont également exprimé leur inquiétude, qualifiant cette décision de « signal d'alarme » quant à la situation dans les lieux de privation de liberté en Russie.
Cette évolution soulève des questions quant à l'efficacité des cadres juridiques nationaux pour garantir la protection des détenus en l'absence de l'examen par des organes internationaux comme le CPT. La convention, dont l'histoire remonte à sa signature en 1987 et son entrée en vigueur en 1989, marquait une volonté européenne de prévenir la torture. La Russie avait ratifié cet instrument en 1997. La décision actuelle reflète une réorientation des relations internationales de la Russie et un accent accru sur la primauté de sa législation interne dans le domaine des droits de l'homme.