Victoire du parti ANO en République tchèque: des inquiétudes sur le soutien à l'Ukraine

Édité par : Татьяна Гуринович

Les élections législatives des 20 et 21 octobre 2025 en République tchèque ont vu la victoire du parti populiste de droite ANO, dirigé par l'ancien Premier ministre Andrej Babiš. Le parti a obtenu 35,5 % des voix, se plaçant ainsi en tête devant la coalition centriste Spolu (Ensemble) du Premier ministre sortant Petr Fiala, qui a recueilli 22,4 % des suffrages. Le parti d'extrême droite Liberté et Démocratie Directe (SPD) a quant à lui obtenu environ 12 % des voix.

La formation d'une coalition gouvernementale menée par ANO est désormais attendue, potentiellement avec le SPD. Cette perspective soulève des interrogations quant à l'avenir de la politique étrangère tchèque, notamment concernant l'aide militaire à l'Ukraine. Andrej Babiš, qui a déjà été Premier ministre de 2017 à 2021, a critiqué l'initiative gouvernementale actuelle de fourniture de munitions d'artillerie à l'Ukraine, la qualifiant de « pourrie » et de source d'« augmentations de prix injustifiées ». Il a promis de mettre fin à cette initiative, une déclaration qui a suscité des inquiétudes parmi les alliés de Kyiv.

Historiquement, la République tchèque a été un soutien constant de l'Ukraine, ayant été l'un des premiers pays à fournir des armes lourdes et à organiser des collectes de munitions à l'échelle internationale. Depuis le début de l'invasion russe en février 2022, le pays a acheminé . L'initiative actuelle de fournir des munitions d'artillerie à l'Ukraine, est particulièrement visée par les critiques de Babiš.

Au cours de la première année de l'invasion, la République tchèque a fourni à l'Ukraine 89 chars, 226 véhicules de combat et blindés et 38 obusiers, dont environ un tiers provenait des stocks de l'armée et le reste d'entreprises de défense tchèques. La valeur marchande totale de l'aide fournie directement à l'Ukraine s'élève à environ 10 milliards de couronnes tchèques, et 30 milliards de couronnes supplémentaires ont été consacrées aux licences d'exportation de matériel militaire et de munitions. Les citoyens ont également collecté 1,5 milliard de couronnes via le financement participatif pour l'achat d'armes telles que les lance-roquettes RM-70 Vampire et les systèmes « Viktor ». Le coût total des livraisons des forces armées tchèques, du financement public, de la campagne de collecte de fonds publique et des livraisons commerciales place la République tchèque parmi les principaux fournisseurs de matériel militaire à l'Ukraine, tant en chiffres absolus que par rapport à la taille du pays. Au cours de la première année de guerre, la République tchèque a fourni à l'Ukraine plus d'un million d'obus d'artillerie et de munitions de gros calibre, ainsi que des missiles et des grenades antichars pour un montant total de 40 milliards de couronnes.

Les analystes suggèrent que tout changement majeur de politique nécessiterait un soutien parlementaire substantiel et pourrait rencontrer une résistance de la part des factions pro-occidentales au sein du gouvernement. La montée de partis comme le SPD, souvent accusé de diffuser de la propagande pro-russe, ajoute une couche de complexité à la situation géopolitique. La perspective d'un rapprochement de la République tchèque avec les positions de la Hongrie et de la Slovaquie, qui adoptent une position plus réservée concernant l'aide à l'Ukraine, inquiète certains observateurs.

Le paysage politique tchèque montre une évolution notable, avec une possible réorientation des priorités nationales. Alors que le gouvernement sortant du Premier ministre Petr Fiala a mis l'accent sur le soutien à l'Ukraine, les partisans d'Andrej Babiš estiment que le gouvernement s'est trop concentré sur l'Ukraine au détriment des problèmes intérieurs. Cette élection soulève des questions fondamentales sur la trajectoire future de la République tchèque dans le contexte européen et international, notamment sa capacité à maintenir son engagement envers la sécurité collective face aux défis régionaux.

Sources

  • Deutsche Welle

  • Fakti.bg

  • Kyiv Independent

  • Sky News

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