La vie rituelle cananéenne antique éclairée par la découverte d'un pressoir à vin vieux de 5 000 ans près de Tel Megiddo

Des archéologues œuvrant à l'est de Tel Megiddo ont mis au jour une découverte capitale qui apporte un éclairage nouveau sur les pratiques agraires et spirituelles des anciens Cananéens. Les fouilles, méticuleusement menées par l'Autorité des Antiquités d'Israël (IAA), ont permis de déterrer ce qui est considéré comme l'un des plus anciens pressoirs à vin taillés dans la roche jamais identifiés dans le nord d'Israël. Cet ouvrage remarquable remonte à environ cinq millénaires, une période correspondant précisément à l'Âge du Bronze Ancien.

Cette installation antique, dont la conception témoigne d'une ingéniosité précoce, fut sculptée avec soin dans le substrat rocheux local. Elle comprenait les deux composantes essentielles à la vinification primitive : une aire de foulage robuste destinée à écraser les grappes, et une cuve de collecte adjacente pour recueillir le moût. L'existence de ce type de structure sophistiquée à une époque aussi reculée confirme l'établissement précoce de la viticulture dans la région, faisant de la production de vin une activité économique et culturelle fondamentale pour les communautés de l'Âge du Bronze. Cette preuve tangible de l'agriculture cananéenne est complétée par une autre série de découvertes.

En effet, en parallèle de ce jalon agricole, le chantier de fouilles a également révélé une collection fascinante d'artefacts rituels. Ces objets, dont l'âge est estimé à environ 3 300 ans, sont plus récents que le pressoir mais offrent un aperçu exceptionnellement détaillé de la vie cérémonielle des Cananéens, notamment en dehors des centres urbains majeurs. La diversité et la spécificité de ces pièces soulignent l'importance accordée aux rites dans la société de l'époque.

Parmi les éléments rituels récupérés, on distingue des jarres de stockage courantes, mais aussi des cruches luxueuses dont l'origine a été tracée jusqu'à Chypre, indiquant des réseaux d'échange étendus. Le trésor comprend surtout des récipients zoomorphes uniques. Ces derniers étaient manifestement conçus pour l'écoulement cérémoniel de liquides précieux — tels que le vin, le lait ou l'huile — lors de rites sacrés spécifiques. Une pièce particulièrement notable est un vase en forme de bélier, complet avec un bec verseur fonctionnel, clairement destiné à la réalisation de libations.

Ces objets sacrés n'ont pas été trouvés au hasard ; ils ont été intentionnellement enfouis à proximité immédiate du complexe du temple situé au sommet de Tel Megiddo. Cette localisation stratégique est révélatrice : elle suggère que les communautés agricoles locales n'étaient pas uniquement dépendantes des prêtres de la ville, mais accomplissaient leurs propres offrandes et cérémonies, parallèles aux structures religieuses formelles de la cité. Ce paysage religieux stratifié et nuancé indique que les rituels domestiques ou agraires revêtaient une signification considérable pour assurer la prospérité.

La présence de ces vaisseaux rituels spécialisés témoigne ainsi d'une cosmologie structurée et profondément ancrée dans la vie quotidienne, où des actions et des objets précis étaient jugés vitaux pour maintenir l'harmonie avec les forces naturelles régissant la fertilité et les cycles de récolte. L'Autorité des Antiquités d'Israël (IAA) a d'ailleurs annoncé son intention d'exposer ces artefacts captivants. Ils seront présentés au public au Campus National Jay et Jeanie Schottenstein pour l'Archéologie de la Terre d'Israël, situé à Jérusalem, offrant une fenêtre unique sur cette civilisation ancienne.