Une étude scientifique majeure, publiée dans les *Proceedings of the National Academy of Sciences*, a mis en évidence des différences fondamentales dans les modes de déplacement entre les canidés (comme les loups et les renards) et les félidés (tels que les couguars et les léopards). Ces recherches, qui ont analysé les données de plus de 1 200 animaux de 34 espèces différentes sur six continents, révèlent que les canidés tendent à suivre des itinéraires plus prévisibles et à utiliser des voies de déplacement établies, formant ainsi des "autoroutes" écologiques. Ce comportement est potentiellement lié à leur régime alimentaire plus varié et à leurs stratégies de chasse souvent collaboratives. Les canidés possèdent un sens de l'odorat supérieur, ce qui pourrait les aider à mémoriser et à utiliser ces routes de manière répétée.
En contraste, les félidés, généralement des carnivores solitaires, manifestent des déplacements plus dispersés et moins linéaires. Cette approche plus aléatoire leur permettrait d'optimiser la traque de proies potentiellement plus insaisissables. Leurs techniques de chasse, basées sur l'affût et la furtivité, nécessitent une approche moins routinière de leurs déplacements. L'étude suggère que ces différences comportementales sont profondément ancrées et remontent à des millions d'années d'évolution distincte depuis la séparation des lignées des canidés et des félidés.
Ces distinctions dans les schémas de mouvement ont des implications significatives pour la conservation. Les itinéraires balisés des canidés les rendent plus vulnérables aux obstacles anthropiques tels que les routes et les infrastructures, qui peuvent fragmenter leurs habitats et interrompre leurs déplacements. Bien que les grands axes routiers ne représentent pas toujours une contrainte majeure, les voies navigables peuvent poser problème en l'absence de ponts. À l'inverse, la nature plus étendue et moins prévisible des déplacements des félidés pose des défis uniques pour la mise en place de stratégies de protection efficaces, car leurs vastes territoires peuvent être difficiles à couvrir et à sécuriser.
L'étude, qui a utilisé des modèles basés sur la physique pour cartographier ces "itinéraires", souligne la nécessité d'intégrer diverses perspectives scientifiques pour comprendre la complexité des comportements animaux. L'impact de l'activité humaine sur la faune sauvage, y compris la fragmentation des habitats et la perturbation des écosystèmes par les infrastructures, affecte profondément les déplacements et la survie des espèces. La compréhension de ces schémas de déplacement est donc essentielle non seulement pour la recherche fondamentale, mais aussi pour guider les efforts de conservation et promouvoir une coexistence harmonieuse entre l'homme et la nature.