Au cœur de la péninsule arabique, la quête de Ybenbm, un lieu mentionné dans des textes anciens, met en lumière les défis de la reconstitution de la géographie historique. Ce nom évoque un site d'importance sur la route reliant le Yémen à La Mecque, mais sa localisation et sa nature exactes restent sujettes à débat parmi les érudits. Cette recherche souligne la complexité de cartographier une région façonnée par des millénaires d'échanges et de migrations.
Les premières mentions écrites de Ybenbm remontent au IXe siècle, dans l'œuvre « Routes et Royaumes » du géographe persan Ibn Khordadbeh, qui le décrit comme un habitat désertique isolé avec un puits unique, fréquenté par les tribus bédouines du Khatham, suggérant son rôle d'oasis. Au Xe siècle, Al-Hamdani, dans sa « Description de la Péninsule Arabique », situe Ybenbm comme un point crucial sur la route de Sanaa à La Mecque. Ces descriptions anciennes soulignent l'importance des oasis comme points de ravitaillement et de rencontre le long des routes caravanières, essentielles à la survie et au commerce dans cet environnement aride. L'oasis d'Al-Ahsa, reconnue comme la plus grande du monde, témoigne de cette interaction millénaire entre l'homme et le désert.
Plusieurs chercheurs modernes ont tenté de localiser Ybenbm. Al-Jasser a suggéré un lien avec la vallée « Ibn Ibn » dans le sud-ouest de l'Arabie Saoudite, une proposition contestée. Al-Harbi, quant à lui, situe Ybenbm dans la région d'Asir, le reliant à d'anciens poèmes et potentiellement au lieu d'eau connu sous le nom de Tayyib Al-Ism. La région d'Asir, avec ses hauts plateaux, a toujours été une zone de passage importante pour d'immenses caravanes. Cependant, l'absence de preuves archéologiques définitives et les variations dans les récits historiques rendent l'identification précise de Ybenbm particulièrement complexe, d'autant plus que la similitude des noms de lieux dans la région ajoute une difficulté supplémentaire.
La quête de Ybenbm illustre la nature fragmentaire des sources historiques et la nécessité d'une analyse minutieuse pour reconstituer le passé. Les découvertes archéologiques au Yémen, comme celles du royaume de Saba à Marib, récemment inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO, révèlent l'existence de civilisations anciennes sophistiquées et de systèmes d'irrigation avancés, témoignant de l'ingéniosité humaine face aux défis environnementaux. Ces sites, bien que distincts de Ybenbm, soulignent la richesse historique et la complexité des réseaux qui traversaient la péninsule arabique il y a des millénaires.