L'Union européenne intensifie sa stratégie d'intégration économique avec l'Amérique latine, concluant des accords commerciaux majeurs avec le Mercosur et le Mexique. Cette démarche vise à renforcer les partenariats et à diversifier les alliances, dans un contexte de réalignement géopolitique et de tensions numériques croissantes avec les États-Unis.
En avril 2025, l'UE et les pays du Mercosur ont finalisé un accord commercial historique, destiné à éliminer les barrières tarifaires et à faciliter l'accès des entreprises européennes aux marchés latino-américains. Cet accord est salué comme la création de la plus grande zone de libre-échange au monde, englobant plus de 700 millions de personnes et représentant environ 20% du PIB mondial. Les exportations de produits agroalimentaires de l'UE vers le Mercosur, d'une valeur de 3,3 milliards d'euros en 2024, devraient connaître une impulsion significative grâce à la suppression des droits de douane élevés sur des produits clés tels que l'huile d'olive, le vin et le chocolat. De plus, des quotas spécifiques pour le fromage et le lait en poudre offriront de nouvelles opportunités. Cet accord protège également 344 produits alimentaires et boissons européens grâce à la protection des indications géographiques, renforçant leur position sur le marché.
Parallèlement, en mai 2025, l'UE et le Mexique ont conclu la modernisation de leur accord commercial existant. Ce pacte actualisé intègre de nouvelles dispositions relatives au commerce numérique, à la fabrication et à l'agriculture, approfondissant ainsi l'intégration économique. Le Mexique, deuxième partenaire commercial de l'UE en Amérique latine, voit son accord mis à jour pour inclure des règles sur le commerce numérique et la protection des données, ainsi qu'un chapitre énergétique axé sur la transition vers les énergies renouvelables. Cet accord, négocié depuis 2016, vise à faciliter les échanges pour les PME et à renforcer la protection des investissements européens au Mexique.
Ces développements interviennent alors que l'UE est confrontée à des défis dans l'application de son Marché unique numérique (DMA) et de son Règlement sur les services numériques (DSA). Ces réglementations visent à encadrer les géants de la technologie au sein du marché unique européen. Les États-Unis, par la voix du président Donald Trump, ont exprimé des préoccupations, menaçant de mesures de rétorsion contre les pays qui imposent des taxes numériques ou des réglementations affectant les entreprises technologiques américaines.
La Vice-Présidente de la Commission européenne, Teresa Ribera, a fermement appelé l'UE à résister aux pressions américaines, soulignant la nécessité de défendre les valeurs de protection des consommateurs et l'autonomie réglementaire de l'Union. Elle a insisté sur le fait que ces réglementations numériques sont une prérogative souveraine de l'UE et ne sont pas négociables, même face à la menace de tarifs douaniers américains. L'UE réaffirme ainsi son engagement à maintenir son cadre réglementaire, malgré les tensions transatlantiques.
Ces initiatives soulignent la volonté de l'UE de consolider ses relations économiques avec l'Amérique latine tout en affirmant sa souveraineté numérique face aux pressions américaines. L'UE se positionne ainsi comme un acteur clé dans un paysage économique et géopolitique en pleine mutation.