Le Département de l'Agriculture des États-Unis (USDA) a annoncé le 20 septembre 2025 la fin de son rapport annuel sur la sécurité alimentaire des ménages, une publication qui existait depuis plus de trente ans.
L'USDA justifie cette décision en affirmant que l'enquête est devenue "trop politisée" et "inutile pour mener à bien les missions du Département". Cette suppression marque un changement significatif dans la collecte et la présentation des données sur l'accès à la nourriture aux États-Unis. Le rapport, instauré dans les années 1990, était essentiel pour évaluer l'efficacité des programmes d'aide alimentaire.
Le dernier rapport, publié en septembre 2024, indiquait qu'environ 18 millions de foyers américains étaient en situation d'insécurité alimentaire en 2023, soit une augmentation d'un million par rapport à l'année précédente. Ce chiffre représentait 13,5 % des foyers, le taux le plus élevé depuis 2014. La professeure Barbara Laraia de l'Université de Californie à Berkeley, experte reconnue, a souligné l'importance de ce rapport, le qualifiant d'"étalon-or" pour l'étude de l'insécurité alimentaire.
L'USDA a critiqué la méthodologie de l'enquête, la jugeant "subjective" et les données "biaisées pour construire un récit qui ne correspond pas à la réalité économique du pays". Cette décision intervient dans un contexte de réductions budgétaires affectant les programmes de l'USDA. En juillet 2025, le Congrès a notamment voté des réductions de financement pour le Programme d'Aide Nutritionnelle Supplémentaire (SNAP).
Des économistes, tels que Justin Wolfers, craignent que la fin de ce rapport ne serve à masquer les conséquences de ces coupes budgétaires, affirmant qu'il "n'y aura donc aucune preuve que la réduction des bons alimentaires ait entraîné une augmentation de la faim". L'Alliance pour Mettre Fin à la Faim a exprimé sa préoccupation, estimant que cette annulation "envoie le message que la lutte contre la faim n'est plus une priorité".
La suppression de ce rapport soulève des questions sur la transparence et la précision des données relatives à l'insécurité alimentaire aux États-Unis, rendant potentiellement plus complexe l'identification des populations vulnérables et l'élaboration de stratégies efficaces pour lutter contre la faim.