Déploiement naval américain dans les Caraïbes provoque mobilisation militaire vénézuélienne

Au début du mois de novembre 2025, le Secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a officialisé le lancement de l'« Opération SOUTHERN SPEAR », une initiative militaire majeure axée sur la lutte contre le narcoterrorisme dans la zone des Caraïbes. Cette manœuvre coïncide avec l'arrivée stratégique de l'USS Gerald R. Ford, le plus grand porte-avions du monde, dans le théâtre d'opérations, signalant un renforcement militaire américain dans la région. L'objectif déclaré de cette campagne, menée sous l'égide du Commandement Sud (USSOUTHCOM), est de démanteler les organisations criminelles transnationales et de contrer le narcoterrorisme afin de protéger le territoire national américain des substances illicites.

L'escalade militaire américaine a débuté dès août 2025, avec une présence initiale de six navires de guerre avant l'arrivée du groupe aéronaval du Gerald R. Ford. L'arrivée du porte-avions, le 11 novembre 2025, a porté les effectifs américains dans la zone à environ 15 000 personnels, avec une capacité d'ajouter 4 500 membres supplémentaires. Le groupe aéronaval inclut, outre le navire amiral, neuf escadrons aériens du Carrier Air Wing Eight ainsi que des destroyers lance-missiles tels que l'USS Bainbridge et l'USS Mahan. Ces actions s'inscrivent dans la continuité de frappes aériennes menées depuis septembre contre des embarcations suspectes, qui ont entraîné la mort d'au moins 76 personnes à ce jour.

La justification de cette posture repose en partie sur la désignation, par l'administration Trump, du gang vénézuélien Tren de Aragua comme organisation terroriste étrangère. Ce groupe criminel, accusé d'activités allant du proxénétisme au meurtre aux États-Unis, avait déjà fait l'objet d'expulsions massives, dont plus de 200 membres présumés ont été transférés au Salvador en mars 2025 en invoquant l'« Alien Enemies Act » de 1798. L'opération Southern Spear officialise et intensifie ces actions par la création d'une force opérationnelle interarmées portant le même nom.

En réponse directe à ce renforcement de la puissance de feu américaine, le gouvernement vénézuélien, dirigé par le Président Nicolás Maduro, a décrété un déploiement militaire « massif » à l'échelle nationale. Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino López, a annoncé la mobilisation de près de 200 000 militaires, incluant des moyens terrestres, aériens, navals, fluviaux et des systèmes de missiles, ainsi que la milice bolivarienne. Caracas interprète cette manœuvre comme une tentative d'« impérialisme » visant à renverser le gouvernement Maduro et à s'emparer des réserves pétrolières du pays, malgré les appels répétés de Maduro au dialogue.

Cette situation, qualifiée de volatile en ce 14 novembre 2025, soulève des questions géopolitiques substantielles concernant la légitimité de l'usage de la force militaire contre des entités non étatiques comme justification d'un déploiement près d'une frontière souveraine. Alors que Washington maintient que l'opération vise le narcoterrorisme, des alliés régionaux, comme le président colombien Gustavo Petro, ont exprimé leur désaccord, la Colombie ayant suspendu le partage de renseignements avec les États-Unis en raison des frappes non prouvées. L'ampleur de la présence navale, qui dépasse largement les patrouilles de routine habituelles dans le sud des Caraïbes, positionne la région à un point de friction critique entre les deux nations. Le Venezuela a promulgué une loi pour renforcer sa stratégie de défense, soulignant sa préparation à une confrontation armée.