L'année 2026 marquera une étape décisive pour la santé des océans avec l'entrée en vigueur du Traité sur la Haute Mer, également connu sous le nom d'Accord BBNJ (Biodiversité au-delà de la Juridiction Nationale). Suite à la ratification du Maroc et de la Sierra Leone le 19 septembre 2025, ce texte historique, signé par 145 nations, a atteint le seuil requis de 60 ratifications, déclenchant son entrée en vigueur le 17 janvier 2026.
Ce traité comble un vide juridique crucial, car les eaux internationales, échappant à toute juridiction nationale, étaient particulièrement vulnérables aux menaces telles que la surpêche, la pollution et l'exploitation minière des fonds marins. L'accord établit un cadre juridique contraignant pour la conservation et l'utilisation durable de la vie marine dans ces zones, permettant la création d'Aires Marines Protégées (AMP) en haute mer, une première historique.
Il instaure également des mécanismes d'évaluation des impacts environnementaux pour toute nouvelle activité humaine et promeut un partage équitable des bénéfices issus des ressources génétiques marines. L'atteinte des 60 ratifications est le fruit d'années de négociations et d'une mobilisation internationale soutenue, saluée par le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, comme une "réalisation historique pour l'océan et pour le multilatéralisme".
Cependant, des défis subsistent quant à la portée et à l'application universelle des mesures prévues, notamment en raison de la participation limitée de certains acteurs clés comme les États-Unis, la Chine, la Russie et le Japon. L'océanographe renommée Sylvia Earle souligne que ce traité est une "station intermédiaire, pas du point final", appelant à une vigilance continue. Johan Bergenas, du WWF, décrit la haute mer comme "la plus grande scène de crime du monde", insistant sur le besoin urgent d'une structure légale pour la transformer en un espace géré et protégé.
Le ministre du Vanuatu, Ralph Regenvanu, rappelle que "tout ce qui affecte l'océan nous affecte aussi", soulignant l'interconnexion fondamentale entre les nations et la santé des océans. En s'alignant sur des objectifs mondiaux comme la protection de 30% des océans d'ici 2030 (objectif 30x30), le traité sur la haute mer représente un pas significatif vers une gouvernance océanique plus harmonieuse et durable, offrant un cadre pour l'action collective en faveur d'un patrimoine commun.