Alors que la guerre civile au Soudan entre dans sa troisième année, la situation humanitaire et sécuritaire continue de se détériorer de manière alarmante, marquant ce conflit comme une crise « oubliée » par la communauté internationale.
Les Nations Unies tirent la sonnette d'alarme face à une intensification des hostilités, une augmentation drastique des pertes civiles et une montée inquiétante des violences à caractère ethnique. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), le premier semestre de 2025 a été particulièrement meurtrier, avec 3 384 civils tués, soit près de 80 % du total des décès civils enregistrés pour toute l'année 2024. Ces chiffres, bien que considérables, ne reflètent probablement qu'une fraction de la réalité sur le terrain. Les combats intenses, marqués par l'utilisation d'artillerie, de frappes aériennes et de drones, se déroulent dans des zones densément peuplées, entraînant des pertes civiles considérables. Le HCDH a également documenté 990 meurtres illégaux en dehors des combats actifs, dont des exécutions sommaires, qui ont triplé entre février et avril 2025. Les régions du Darfour, du Kordofan et de Khartoum sont les plus touchées.
La violence prend une dimension ethnique de plus en plus préoccupante, avec des attaques ciblées contre des individus accusés de « collaboration ». Le HCDH redoute un embrasement communautaire, soulignant des cas où l'appartenance ethnique a été explicitement utilisée comme motif de meurtre. L'utilisation de drones dans des attaques contre des sites civils, notamment dans le nord et l'est du Soudan, marque une nouvelle escalade du conflit.
La crise humanitaire est d'une ampleur sans précédent, qualifiée par l'ONU de « pire crise humanitaire et de déplacement au monde ». La famine est confirmée dans plusieurs régions, notamment au Darfour et dans le sud du Soudan, exacerbant les souffrances de millions de personnes déplacées. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a souligné que le Soudan est le seul pays au monde où la famine est actuellement confirmée, avec des prix des denrées alimentaires atteignant des niveaux records.
Les efforts diplomatiques internationaux pour parvenir à un cessez-le-feu, menés par les États-Unis, l'Arabie Saoudite, l'Égypte et les Émirats arabes unis, n'ont jusqu'à présent pas abouti. En novembre 2024, la Russie a opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies appelant à un cessez-le-feu immédiat et à un accès humanitaire sans entrave, malgré le soutien de la majorité des membres du Conseil. Cette situation souligne les complexités géopolitiques qui entravent une résolution pacifique.
Les répercussions du conflit s'étendent au-delà des frontières soudanaises. En mars 2025, une attaque des Forces de soutien rapide (FSR) contre le groupe rebelle sud-soudanais SPLM-IO a accru le risque d'une propagation du conflit, menaçant la stabilité régionale. La situation au Soudan demeure critique, sans perspective immédiate de désescalade, et appelle à une mobilisation accrue de la communauté internationale pour répondre à cette crise humanitaire majeure et prévenir une catastrophe encore plus grande.