L'innovateur aérospatial californien Reflect Orbital a officiellement déposé une demande d'autorisation auprès de l'organisme gouvernemental compétent pour le déploiement de son premier démonstrateur technologique, baptisé EARENDIL-1. Prévue pour un lancement en avril 2026, cette mission vise à évaluer la faisabilité de projeter de la lumière solaire concentrée sur des zones terrestres spécifiques afin de prolonger la durée du jour utile. L'objectif fondamental de cette démonstration est de confirmer la capacité du satellite à optimiser la production d'énergie solaire durant les périodes crépusculaires, offrant ainsi une approche inédite de la captation d'énergie renouvelable.
Ce projet pilote est envisagé par Reflect Orbital comme le prélude à une entreprise bien plus vaste : l'établissement d'une constellation de plus de 4 000 satellites opérationnels en orbite héliosynchrone d'ici 2030, capables de fournir de l'éclairage à la demande. La société a déjà obtenu un soutien financier notable, notamment un contrat de recherche en innovation pour petites entreprises (SBIR) de 1,25 million de dollars de l'U.S. Air Force, accordé en mai. Le satellite initial, EARENDIL-1, sera équipé d'un miroir de 60 pieds sur 60 pieds (soit 18 mètres sur 18 mètres) destiné à diriger une lueur douce, comparable à celle de la pleine lune, vers des sites d'essai désignés. L'entreprise précise que ce service sera extrêmement localisé, chaque réflexion couvrant une zone définie de 5 kilomètres sur une période limitée.
Cependant, cette initiative, qui promet d'apporter de la lumière après le coucher du soleil, a suscité une vive appréhension au sein de la communauté astronomique. John Berentine, expert à l'Observatoire de Silverado Hills, a souligné que le faisceau réfléchi pourrait être jusqu'à quatre fois plus lumineux que la pleine lune, provoquant des perturbations généralisées par la diffusion atmosphérique. Les astronomes mettent en garde contre le fait qu'une lumière réfléchie d'une telle intensité pourrait non seulement entraver les observations astronomiques sensibles, mais également perturber les rythmes établis des écosystèmes nocturnes.
De plus, ce plan, conçu pour fournir de la lumière sur demande, soulève des inquiétudes sérieuses quant à la durabilité orbitale, d'autant plus que le fondateur, Ben Nowack, avait précédemment évoqué la possibilité d'une constellation atteignant jusqu'à 250 000 satellites. Face à ces préoccupations, Reflect Orbital a néanmoins affirmé son intention de progresser avec prudence, planifiant une évaluation d'impact environnemental (EIE) approfondie avant d'envisager l'expansion complète de la constellation.
La mission de 2026 est présentée comme une opportunité de collaboration avec des experts afin de cartographier précisément les sensibilités écologiques dans les diverses zones de service potentielles. Bien que l'accent immédiat soit mis sur la démonstration technologique, la vision à long terme de l'entreprise inclut la fourniture d'éclairage d'urgence dans les zones sinistrées ou le remplacement de l'éclairage urbain traditionnel. Le processus d'octroi de licence en cours et la démonstration subséquente constituent un moment charnière essentiel pour évaluer l'équilibre délicat entre l'avancement technologique et la gestion responsable de l'environnement.