Au 23 octobre 2025, le secteur de l'extraction des ressources lunaires connaît une phase de maturation rapide, propulsée par la convergence des ambitions gouvernementales et l'engagement accru des grandes entreprises minières mondiales. Le programme Artemis de la NASA demeure l'initiative centrale, avec pour objectif d'établir une présence humaine durable sur la Lune. La mission Artemis II, désormais prévue pour avril 2026, doit effectuer un vol habité autour de la Lune pour valider les systèmes vitaux en environnement spatial profond, notamment en vue d'explorer les régions polaires, sources potentielles de glace d'eau.
En parallèle de la préparation d'Artemis II, l'initiative Commercial Lunar Payload Services (CLPS) utilise des partenariats privés pour tester des technologies essentielles. Des entreprises comme Firefly Aerospace et Intuitive Machines ont déployé des charges utiles au début de l'année 2025. La mission PRIME-1, transportée par Intuitive Machines, visait spécifiquement à tester l'utilisation des ressources sur place (ISRU), notamment par le forage pour détecter la glace d'eau. Ces avancées technologiques sont soutenues par des projections financières optimistes, le marché de l'exploitation minière lunaire étant estimé à 20 milliards de dollars d'ici 2035. Morgan Stanley anticipe même que le marché de l'eau lunaire pourrait atteindre 100 milliards de dollars d'ici 2040, contribuant à une économie lunaire globale potentiellement évaluée à 170 milliards de dollars en 2040.
Ce qui caractérise cette nouvelle étape, c'est l'implication directe des mastodontes de l'extraction terrestre. Des acteurs majeurs tels que Rio Tinto, BHP et Glencore ne se contentent plus d'une veille stratégique; ils investissent activement dans la recherche et le développement de systèmes miniers autonomes adaptés aux conditions lunaires extrêmes. Leur expertise en opérations à grande échelle est considérée comme un atout majeur pour concrétiser les ambitions spatiales en réalités économiques pérennes, signalant un changement dans la perception du risque et du rendement potentiel de cette nouvelle frontière.
Cette intensification des activités commerciales et l'implication de capitaux terrestres soulèvent néanmoins des questions fondamentales concernant la gouvernance des biens célestes. Le Traité de l'espace de 1967 interdit les revendications territoriales nationales, mais il laisse un vide juridique concernant les droits de propriété et d'exploitation des ressources par des entités privées. Les législateurs sont donc interpellés pour élaborer rapidement un cadre normatif clair, essentiel pour garantir une exploitation durable et harmonieuse des ressources lunaires.
