L'IA Solomon Ray domine les palmarès chrétiens, soulevant un tollé éthique

L'intelligence artificielle vient d'atteindre un jalon retentissant dans l'industrie musicale. Une entité conçue par IA, nommée Solomon Ray, s'est hissée à la première place du classement iTunes Top 100 Christian and Gospel Albums au cours de la mi-novembre 2025. Cette percée, marquant la première fois qu'un projet basé sur l'IA s'impose de manière dominante dans ces catégories spécifiques, signale une transformation profonde au sein d'un genre traditionnellement ancré dans l'expérience spirituelle personnelle.

L'album de Ray, intitulé « Faithful Soul », ainsi que ses différents singles, ont simultanément accédé aux sommets des classements de ventes numériques. Il s'agit d'un exploit inédit pour un artiste IA, quel que soit le genre musical. Ce succès fulgurant pour Solomon Ray, une création de Christopher Jermaine Townsend, mieux connu sous le pseudonyme Topher, a immédiatement déclenché des discussions passionnées sur les plans éthique et théologique au sein de la communauté de la musique chrétienne.

Les voix critiques se sont élevées rapidement. Forrest Frank, lauréat d'un prix Dove Award, a exprimé de sérieuses réserves quant à l'authenticité spirituelle d'une musique générée sans témoignage personnel ni inspiration du Saint-Esprit. Sur Instagram, Frank a martelé que l'IA « n'a pas le Saint-Esprit en elle », rendant l'écoute de cette musique « vraiment étrange ». Le producteur Brett Rayo et l'influenceur Brendan Roux ont également manifesté leur désapprobation, insistant sur l'importance primordiale de l'identité humaine et de la substance spirituelle dans l'acte de création artistique.

De son côté, Townsend, le concepteur de Ray, défend fermement son projet. Il présente l'IA comme un instrument nouveau que Dieu a permis d'utiliser, affirmant que « le message reste le message » et que « l'impact est réel ». Cet événement oblige l'industrie à reconsidérer l'intersection entre les avancées technologiques, l'expression artistique et le sacré, surtout compte tenu des succès commerciaux croissants d'autres artistes pilotés par l'IA.

Parallèlement à cette vague, une autre artiste virtuelle, Xania Monet, œuvre numérique de la poétesse Telisha Jones utilisant la plateforme Suno, a récemment fait son entrée à la 30e position du palmarès Billboard Adult R&B Airplay avec son titre « How Was I Supposed to Know? ». Ce classement représente une première historique pour un artiste IA dans un palmarès radio de Billboard. Ce succès fait suite à un contrat de plusieurs millions de dollars avec Hallwood Media, illustrant la viabilité commerciale rapide de la musique synthétisée par IA. Monet avait déjà dominé le classement R&B Digital Song Sales en septembre, cumulant 44,4 millions d'écoutes certifiées aux États-Unis.

Face à cette montée en puissance, les plateformes de streaming s'adaptent au flux croissant de contenu généré par IA. En septembre 2025, Spotify a mis en œuvre de nouvelles directives exigeant une transparence totale concernant le contenu créé par IA afin de contrer le spam et l'usurpation d'identité. Ces régulations incluent l'interdiction du clonage vocal par IA sans consentement explicite et l'instauration d'une norme de divulgation de l'usage de l'IA dans les crédits, soutenue par DDEX (Digital Data Exchange). La plateforme a déjà procédé au retrait de 75 millions de pistes considérées comme du spam, cherchant à préserver l'intégrité de l'écosystème de rémunération. Ces développements annoncent un changement structurel majeur dans l'économie musicale, où l'industrie cherche désormais un équilibre délicat entre l'adoption de l'innovation et la nécessité de protéger la paternité humaine et la valeur intrinsèque de l'art.