Une découverte scientifique récente, publiée dans la prestigieuse revue Nature Metabolism, révèle un mécanisme biologique jusqu'alors inconnu qui pourrait révolutionner notre compréhension de la dépense énergétique et de la perte de poids.
Des chercheurs américains ont identifié la cystine, un acide aminé, comme un acteur clé dans la régulation du métabolisme des graisses. Des études menées sur des souris et l'analyse de données humaines suggèrent qu'une faible concentration de cystine dans les tissus adipeux pourrait déclencher une conversion des graisses blanches stockées en graisses brunes, plus actives métaboliquement. Les graisses brunes, contrairement aux graisses blanches, ont la capacité de brûler des calories pour produire de la chaleur, un processus essentiel à la thermogenèse naturelle du corps.
Les expériences menées par une équipe de l'Université de Yale, dirigée par le Dr Vishwa Deep Dixit, ont montré que la restriction de cystine chez des souris obèses entraînait une perte de poids significative, allant jusqu'à 30% en une semaine, et ce, sans modifier leur apport calorique. Ce phénomène est attribué à la transformation des cellules de graisse blanche en cellules de graisse brune, un processus appelé « browning ».
Des recherches supplémentaires menées par des équipes de la NYU Grossman School of Medicine, notamment par le Dr Evgeny Nudler, ont élucidé le mécanisme sous-jacent. La déplétion en cystine entraîne une diminution du coenzyme A (CoA), un cofacteur essentiel à plus de 100 réactions métaboliques. Cette réduction rend les voies de conversion des glucides et des graisses en énergie moins efficaces, forçant ainsi l'organisme à puiser davantage dans ses réserves de graisse pour répondre à ses besoins énergétiques. Comme l'explique le Dr Nudler, « nos résultats surprenants révèlent que de faibles niveaux de cystine déclenchent une perte de poids rapide chez nos souris d'étude en activant un réseau de voies biologiques interconnectées ».
Ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles stratégies de contrôle métabolique qui ne dépendent pas uniquement de la restriction calorique. Le Dr Kristian Stantler, du Pennington Biomedical Research Center, souligne que ces données « ouvrent la porte à de nouvelles stratégies de contrôle métabolique qui ne reposent pas uniquement sur la réduction de l'apport calorique ».
Il est cependant crucial de noter que la cystine est un acide aminé essentiel à de nombreuses fonctions biologiques, notamment le maintien de l'équilibre oxydatif. Une réduction excessive pourrait avoir des conséquences néfastes. Les chercheurs insistent sur le fait que la perte de poids observée chez les sujets expérimentaux n'est pas considérée comme sûre pour l'application humaine sans recherches approfondies supplémentaires.