En 2025, des archéologues tchèques ont découvert dans une mine de silex de Moravie du Sud les restes exceptionnels de deux femmes datant de 6 000 ans. Cette découverte, qui offre un éclairage sans précédent sur les sociétés néolithiques européennes, remet en question les perceptions traditionnelles des rôles féminins et des pratiques d'inhumation. Les squelettes, retrouvés empilés, étaient accompagnés d'un chien et d'un nouveau-né posé sur la poitrine de l'une des femmes. Les analyses génétiques suggèrent que les femmes étaient sœurs, mais aucune des deux n'était la mère du nourrisson, soulevant des interrogations sur les rites funéraires de l'époque.
Des découvertes similaires en Allemagne, comme les fosses sacrificielles de la culture Salzmünde, suggèrent des pratiques rituelles complexes impliquant des restes humains et animaux, parfois dans des contextes de décomposition préalable, indiquant des cérémonies en plusieurs phases. Les études ont également révélé que ces femmes travaillaient dans la mine de silex, endurant une rude labeur malgré des blessures, comme une fracture de l'avant-bras non guérie. Ces constats défient les idées reçues sur la division du travail et les rôles féminins dans les sociétés néolithiques. Des recherches menées sur des outils en pierre retrouvés dans des tombes néolithiques à travers l'Europe indiquent que les femmes utilisaient des outils pour le travail des peaux, tandis que ceux des hommes étaient associés à la chasse et aux conflits, suggérant une répartition des tâches complémentaire et valorisée au sein de la communauté.
Malgré une malnutrition infantile, les sœurs consommaient plus de viande que leurs contemporains. Les chercheurs émettent l'hypothèse que cela pourrait être lié à leur activité physique intense, à un choix délibéré d'accéder à la viande, ou à une contrainte de travailler dans la mine, une ressource vitale. Cette alimentation riche en viande est inhabituelle pour les populations néolithiques européennes et pourrait refléter un meilleur accès au gibier dans la région forestière dense ou une stratégie nutritionnelle pour soutenir leur labeur exigeant. La cause de leur décès reste inconnue, sans aucune trace de maladie ou de violence. Leur inhumation au sein même de la mine, aux côtés du chien et du nourrisson, pourrait symboliser un rituel de réconciliation avec la terre ou une offrande. Cette découverte, qui a permis de réaliser des reconstructions faciales hyperréalistes des sœurs, offre un aperçu précieux des modes de vie, des croyances et du statut des femmes en Moravie du Sud entre 4000 et 4500 av. J.-C. La région de Moravie, avec ses riches sites archéologiques comme ceux de Přerov où des statues de divinités assises ont été découvertes, confirme son importance capitale pour la compréhension des sociétés européennes préhistoriques.