Des fouilles archéologiques à Sefertepe, en Turquie, ont mis au jour douze crânes humains datant de plus de 10 500 ans. Ces découvertes s'inscrivent dans le cadre du projet "Recherche sur le Néolithique de Şanlıurfa - Projet Taş Tepeler", dirigé par le professeur Emre Güldoğan de l'Université d'Istanbul, avec le soutien du ministère turc de la Culture et du Tourisme. L'année précédente, une "salle des crânes" contenant 31 crânes et fragments avait déjà été découverte sur le site. Cette saison, huit crânes supplémentaires ont été trouvés dans cette même chambre, et quatre autres dans une cellule adjacente, renforçant l'hypothèse que Sefertepe était un lieu d'une importance capitale pour les rituels communautaires et le culte des ancêtres.
Les analyses anthropologiques, menées par le professeur Dr. Yılmaz Selim Erdal de l'Université Hacettepe, indiquent que les restes appartiennent à des individus de tous âges, allant de nourrissons de six mois à des adultes d'environ 40 ans. Cette diversité suggère que les crânes ne sont pas le résultat d'un événement catastrophique unique, mais plutôt des participants à des rituels de longue durée, témoignant de liens intergénérationnels forts au sein de la communauté. Ces découvertes renforcent l'idée que Sefertepe, à l'instar de Göbeklitepe, était un centre rituel où les pratiques funéraires et la vénération des ancêtres jouaient un rôle significatif.
Au-delà des restes humains, les fouilles ont également révélé des éléments architecturaux uniques, notamment le niveau du sol d'un bâtiment spécial avec des fondations intentionnellement nivelées et des fosses sculptées, suggérant une planification méticuleuse et une signification rituelle. Ces découvertes architecturales s'intègrent dans le contexte plus large du réseau Taş Tepeler, un ensemble de douze sites autour de Şanlıurfa, datant de 9 000 à 12 000 ans. Sefertepe démontre que la région n'était pas un centre unique, mais un réseau de communautés interconnectées partageant des pratiques architecturales et religieuses communes.
Les études botaniques en cours visent à éclairer la transition des modes de vie de chasseurs-cueilleurs vers des communautés agricoles sédentaires. Les travaux de restauration sur des stèles brisées et des colonnes sculptées, rappelant les piliers en T emblématiques de Göbeklitepe, sont également en cours. Ces piliers en T, caractéristiques de nombreux sites néolithiques de la région, sont interprétés comme des représentations stylisées du corps humain, soulignant l'importance des figures anthropomorphes dans l'iconographie de l'époque. La découverte de ces douze nouveaux crânes à Sefertepe confirme son rôle en tant que site de rituels néolithiques et de vénération des ancêtres, offrant des perspectives précieuses sur la manière dont ces communautés anciennes appréhendaient la vie, la mort et l'au-delà.