Une étude révolutionnaire, publiée le 1er octobre 2023, révèle la présence de molécules organiques complexes, y compris des précurseurs d'acides aminés, dans les grains de glace éjectés par Encelade, la lune glacée de Saturne. Cette découverte renforce considérablement l'hypothèse selon laquelle l'océan souterrain d'Encelade pourrait abriter des conditions propices à l'émergence de la vie extraterrestre.
Les données analysées proviennent de la mission Cassini, qui a exploré le système saturnien entre 2004 et 2017. En 2008, Cassini a traversé les panaches de glace éjectés par les geysers du pôle Sud d'Encelade, collectant des échantillons fraîchement expulsés de l'océan caché sous la croûte glacée. L'analyse approfondie de ces grains de glace, menée grâce à des technologies modernes, a confirmé la présence de molécules organiques complexes. Ces composés ne sont pas le résultat d'une exposition prolongée aux radiations spatiales, mais sont bien présents dans l'océan d'Encelade, comme l'affirme Franck Postberg, co-auteur de l'étude.
La présence de ces molécules, qui incluent des précurseurs d'acides aminés, éléments fondamentaux de la vie telle que nous la connaissons, rend Encelade encore plus fascinante. La sonde Cassini avait déjà, lors de ses survols entre 2004 et 2017, détecté des molécules organiques et établi l'existence d'un vaste océan d'eau salée sous la surface d'Encelade. Cependant, les particules analysées précédemment pouvaient avoir été altérées par le rayonnement cosmique au fil du temps. La nouvelle étude, en se concentrant sur des grains de glace éjectés plus récemment, lève le voile sur la composition originelle de l'océan.
Ces découvertes ouvrent des perspectives considérables pour l'exploration future. L'Agence Spatiale Européenne (ESA) étudie activement des missions visant à se poser sur Encelade pour y prélever directement des échantillons. Une telle mission permettrait de franchir une étape décisive dans la recherche de traces de vie. Caroline Freissinet, astrochimiste et chercheuse au CNRS, souligne l'importance de réinterpréter les données des missions passées grâce aux nouvelles technologies, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur nos explorations spatiales. Son travail, axé sur la compréhension de la matière organique dans le système solaire et la recherche de vie extraterrestre, s'inscrit dans la continuité de ces découvertes. L'ESA envisage des missions ambitieuses pour explorer davantage Encelade, afin d'étudier de plus près cet environnement prometteur. Ces efforts témoignent d'une volonté collective de repousser les frontières de la connaissance et de répondre à l'une des questions les plus fondamentales de l'humanité: sommes-nous seuls dans l'univers?
Nozair Khawaja, l'auteur principal de l'étude, a souligné que ces résultats renforcent le potentiel d'habitabilité d'Encelade et la nécessité de nouvelles missions.