Posidonia oceanica, une plante marine endémique de la Méditerranée, se révèle être une alliée précieuse dans la lutte contre la pollution par les microplastiques. Connue pour former de vastes prairies sous-marines, cette espèce joue un rôle écologique crucial, agissant comme un filtre naturel et un piège à débris plastiques.
Des recherches récentes, notamment une étude publiée en 2024, ont confirmé l'efficacité de Posidonia oceanica dans la capture des microplastiques. Les feuilles et les rhizomes de cette plante agissent comme des filtres, les rhizomes accumulant une quantité significative de ces débris. Les scientifiques estiment que les prairies de Posidonia oceanica pourraient piéger près de 900 millions de fragments de plastique chaque année en Méditerranée. Des études menées sur des plages de Majorque ont révélé la présence de débris plastiques dans la moitié des échantillons de feuilles d'herbe marine, atteignant jusqu'à 600 morceaux par kilogramme de feuilles, et jusqu'à 1500 morceaux par kilogramme dans les "boules de Neptune" plus compactes.
Ces "boules de Neptune", ou posidonies, sont des amas fibreux formés par les feuilles mortes de Posidonia oceanica qui s'emmêlent sous l'action des courants. Elles transportent le plastique emmêlé dans leurs fibres, contribuant ainsi à un nettoyage continu des océans. Historiquement utilisées pour l'emballage ou l'isolation, ces boules accomplissent désormais une fonction environnementale spontanée en épongent le plastique des fonds marins.
Malgré ce rôle bénéfique, les prairies de Posidonia oceanica sont elles-mêmes menacées. Les études indiquent un déclin mondial de ces herbiers marins, avec une perte d'environ 29% de leur couverture depuis la fin du XIXe siècle. Les menaces comprennent la pollution, le développement côtier, les espèces envahissantes, l'augmentation de la température des océans et l'élévation du niveau de la mer. Dans l'est de la Méditerranée, Posidonia oceanica est particulièrement vulnérable aux vagues de chaleur et à la pollution industrielle.
Face à cette situation, des efforts de conservation sont en cours. En Espagne, des projets tels que le projet LIFE+ Posidonia Andalusia visent à restaurer et protéger ces prairies essentielles. Ces initiatives reconnaissent le rôle crucial de Posidonia oceanica dans la séquestration du carbone, la protection côtière et le maintien de la biodiversité marine. La restauration de ces herbiers marins est considérée comme essentielle pour créer un environnement marin plus sain et plus résilient.