L'expédition i2B 2025 dans l'océan Arctique, à bord du navire de recherche norvégien R/V Kronprins Haakon, a débuté. Elle rassemble 25 scientifiques de renom dont la mission est de prélever des carottes de sédiments. Ces archives géologiques permettront de reconstituer les conditions climatiques de l'Arctique durant les périodes interglaciaires passées, il y a environ 130 000 et 400 000 ans. L'objectif est de comprendre l'impact d'un océan Arctique saisonnièrement libre de glace durant ces ères plus chaudes.
En comparant ces données anciennes avec les observations actuelles et les modèles climatiques, le projet vise à déterminer si l'Arctique s'approche d'un point de bascule vers un état d'"océan bleu". Cette recherche, financée par la bourse Synergy Grant du Conseil européen de la recherche "i2B – Into The Blue", implique des institutions européennes de premier plan telles que l'Université Arctique de Norvège (UiT) et l'Institut Alfred Wegener (AWI).
L'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, un phénomène connu sous le nom d'"amplification arctique". La perte de la glace de mer estivale, qui pourrait disparaître d'ici 2035 selon les taux de déclin actuels, accélère l'approche d'autres points de bascule cryosphériques. Ces tendances soulèvent des défis climatiques majeurs, tels que les vagues de chaleur marines, l'atlantification de l'océan Arctique, les changements d'écosystèmes, les perturbations météorologiques, les rétroactions albédo-glace et les émissions de méthane, sans oublier les nouvelles dynamiques géopolitiques dans un Arctique sans glace.
Les carottes de sédiments collectées fourniront des informations sans précédent sur les régimes de température, l'étendue de la glace de mer, les conditions océanographiques et les écosystèmes des périodes interglaciaires chaudes. L'analyse de ces archives paléoclimatiques, combinée aux observations modernes et aux modèles numériques, permettra de tester comment l'Arctique a transité vers un état d'"océan bleu" dans des climats plus chauds. Cette synthèse entre preuves géologiques et données d'observation modernes a des implications profondes pour la prévision des trajectoires climatiques futures et l'identification de points de bascule imminents au sein du système arctique.