Arctique et Atlantique: Les océans en quête d'équilibre face au réchauffement accéléré

Édité par : Inna Horoshkina One

L'océan Arctique est le théâtre d'une transformation profonde, caractérisée par un réchauffement quatre fois plus rapide que la moyenne planétaire. Ce phénomène, baptisé « Atlantification », désigne l'influence croissante des eaux atlantiques, plus chaudes et plus salées, qui s'infiltrent de plus en plus loin dans l'écosystème marin arctique. Cette dynamique, amorcée dès la fin de la période préindustrielle, atteint aujourd'hui des niveaux sans précédent, modifiant radicalement les caractéristiques de cette région polaire.

Les recherches scientifiques récentes, notamment celles du Dr Igor Polyakov de l'Université de l'Alaska Fairbanks, mettent en lumière le rôle crucial de l'Arctique dans l'équilibre thermique mondial, un aspect que les modèles climatiques peinent encore à intégrer pleinement. L'Atlantification affaiblit la stratification des couches d'eau, favorisant un transfert de chaleur accru vers la surface. Ce processus, qui a débuté plus tôt que prévu, potentiellement dès le début du XXe siècle, contribue significativement à la diminution rapide de la glace de mer, particulièrement dans le bassin eurasiatique. Les données suggèrent que l'influence du domaine atlantique pourrait atteindre son apogée autour de 2060.

Le réchauffement global de 2024, qui a battu tous les records avec des températures moyennes mondiales dépassant de 1,28°C celles de la période 1951-1980, exacerbe ces changements. Les dix dernières années (2015-2024) ont été les plus chaudes jamais enregistrées, témoignant d'une tendance au réchauffement continu et accéléré. Cette chaleur accrue dans les océans, qui stockent 90% de la chaleur excédentaire du système terrestre, a des répercussions directes sur la fonte des glaces, qu'il s'agisse de la banquise arctique ou des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique, alimentant ainsi la montée du niveau des mers.

Les conséquences écologiques de l'Atlantification sont également considérables, un phénomène appelé « boréalisation ». Des espèces marines typiques des eaux atlantiques, comme le cabillaud ou le capelan, étendent leur aire de répartition vers le nord, tandis que les espèces arctiques, adaptées au froid, comme le cabillaud polaire, voient leur habitat se réduire. Cette réorganisation des écosystèmes marins a des implications directes sur les ressources halieutiques, affectant les communautés de pêcheurs et les chaînes alimentaires qui soutiennent la vie marine, y compris celle des grands prédateurs.

Les projections futures indiquent que l'Arctique pourrait connaître des étés sans glace dès 2027, une perspective qui souligne l'urgence de comprendre et d'agir face à ces transformations. Ces changements dans l'Arctique ne sont pas isolés; ils influencent les modèles météorologiques mondiaux et les routes maritimes, impactant le commerce et l'économie globale. La quête d'un nouvel équilibre dans les systèmes océaniques interdépendants est désormais un enjeu majeur, appelant à une prise de conscience accrue de la dynamique planétaire.

Sources

  • Nature

  • Nature

  • Reuters

  • Climate Change Progress

  • Wikipedia

  • Arctic Portal

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