Des analyses récentes d'échantillons provenant de l'astéroïde Ryugu ont apporté un éclairage nouveau sur la présence et la circulation de l'eau au sein de son corps parent. Ces découvertes remettent en question les idées préconçues sur l'activité hydrique des astéroïdes, suggérant qu'elle s'étendait bien au-delà des premières phases de l'histoire de notre système solaire. Les chercheurs ont observé une proportion inattendue du ratio isotopique du lutécium-176 au hafnium-176 dans les matériaux de Ryugu. Cette signature isotopique témoigne de la perméation d'un fluide à travers le corps parent de l'astéroïde, un phénomène probablement déclenché par un impact qui aurait fait fondre de la glace enfouie. Ces altérations aqueuses se seraient produites à basse température et pression, il y a environ 5 millions d'années après la naissance du système solaire.
Ces observations renforcent l'hypothèse selon laquelle les astéroïdes carbonés, tels que Ryugu, auraient pu être des contributeurs majeurs à l'apport d'eau sur la Terre primitive. Leur rôle dans la formation des océans terrestres pourrait être plus significatif que ce que l'on imaginait auparavant. Les études sur les chondrites carbonées, considérées comme des fossiles de la formation du système solaire, indiquent que ces corps célestes contenaient des minéraux hydratés et des matières organiques, apportés sur notre planète il y a environ 4,5 milliards d'années.
La mission Hayabusa2, qui a ramené des échantillons de Ryugu sur Terre fin 2020, a permis d'analyser des matériaux parmi les moins contaminés du système solaire. Ces précieuses données élargissent notre compréhension des processus initiaux de notre système solaire. Les analyses isotopiques de ces fragments d'astéroïdes ont révélé que Ryugu possède une composition similaire à celle des chondrites carbonées de type Ivuna, considérées comme les météorites les plus primitives et les plus proches de la composition du Soleil.
De plus, ces échantillons témoignent de la circulation d'eau à la surface de Ryugu, sous forme de minéraux secondaires formés par altération aqueuse. Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives sur la manière dont notre planète a acquis ses océans, suggérant que les astéroïdes ont pu livrer deux à trois fois plus d'eau que ce qui était estimé précédemment, équivalant à 60 à 90 fois la masse des océans terrestres. L'étude de ces échantillons continue d'affiner notre compréhension de l'histoire de notre système solaire et de la place de l'eau dans la formation des planètes telluriques.