De nombreuses superstitions, profondément ancrées dans nos cultures depuis des siècles, continuent d'influencer notre perception du monde, malgré les avancées scientifiques. Ces croyances, souvent transmises de génération en génération, trouvent leurs origines dans des interprétations ancestrales des événements et des phénomènes naturels.
L'une des superstitions les plus répandues concerne le chat noir, dont le passage devant soi est souvent perçu comme un présage de malchance. Cette association négative trouve ses racines dans le Moyen Âge européen, où les chats noirs étaient liés à la sorcellerie et aux démons. Une bulle papale de 1233 aurait même contribué à la persécution des chats, les associant à des figures démoniaques, ce qui aurait paradoxalement favorisé la propagation de la peste en réduisant le contrôle des populations de rongeurs. Il est intéressant de noter que dans d'autres cultures, comme en Grande-Bretagne ou dans l'Égypte ancienne, le chat noir était considéré comme un porte-bonheur, témoignant de la relativité culturelle de ces croyances.
La superstition qui interdit de siffler à l'intérieur d'une maison, sous peine de perdre son argent, trouve également des explications variées. Dans la tradition slave, siffler à l'intérieur pouvait attirer les mauvais esprits. Une autre explication, datant du XVIe siècle, évoque les marchands qui craignaient de faire tomber leurs pièces d'argent en sifflotant, d'où l'adage « ne siffle pas à l'intérieur, ou tu n'auras pas d'argent ». Cette croyance est partagée dans plusieurs cultures slaves, où siffler à l'intérieur est associé à des problèmes financiers, comme si le son lui-même chassait la prospérité.
Le chant du coucou, quant à lui, est entouré de nombreuses croyances. Chez les Slaves, il était associé à la déesse du printemps et de la fertilité, Zhiva. Le nombre de ses appels pouvait prédire le nombre d'années avant un mariage ou même la mort. Plus récemment, des recherches ont suggéré un lien entre la biodiversité, incluant la présence de coucous, et la longévité humaine, donnant une dimension écologique à cette superstition.
Dans la culture slave, le seuil de la maison revêtait une importance particulière, symbolisant la frontière entre le monde des vivants et celui des esprits. Franchir le seuil avec des objets pouvait déranger les esprits des défunts, attirant ainsi le malheur. De même, le fait de se serrer la main ou de s'embrasser sur le seuil est considéré comme un mauvais présage, car cela pourrait permettre aux mauvais esprits d'entrer. Cette croyance est si forte que même les cosmonautes russes ont refusé de serrer la main à leurs homologues américains sur le seuil de l'espace.
Enfin, la notion d'un ange sur l'épaule droite et d'un démon sur l'épaule gauche, bien que souvent associée à la tradition judéo-chrétienne, trouve des parallèles dans d'autres cultures. Dans l'Islam, deux anges sont censés enregistrer les bonnes et les mauvaises actions de chacun. Cette idée de dualité morale, où une influence positive et une influence négative coexistent, est un thème récurrent dans la compréhension humaine du bien et du mal. Ces superstitions, bien qu'irrationnelles, révèlent notre besoin inné de trouver des explications et du sens dans un monde souvent incertain. Elles témoignent de la manière dont nos ancêtres percevaient les risques et cherchaient à les maîtriser, une tendance psychologique toujours présente aujourd'hui, où les biais cognitifs, tels que le biais de confirmation, peuvent renforcer ces croyances irrationnelles.