Un climat de vive tension secoue actuellement l'Alliance Atlantique, exacerbé par les déclarations du Président américain Donald Trump concernant l'engagement financier de l'Espagne. Au centre de cette querelle se trouve la menace d'une potentielle exclusion de Madrid de l'OTAN si les dépenses de défense n'augmentent pas significativement après le sommet de juin 2025. Cette confrontation met en lumière une divergence fondamentale sur la perception de la responsabilité collective au sein de l'alliance.
L'incident a été déclenché lors d'une rencontre à la Maison-Blanche entre Donald Trump et le Président finlandais Alexander Stubb. L'enjeu majeur repose sur un accord prétendument scellé lors du sommet de juin 2025 à La Haye, où les 32 nations membres auraient convenu de relever l'effort de défense de 2 % à 5 % du Produit Intérieur Brut (PIB) d'ici 2035. Le Président Trump a désigné l'Espagne comme un « participant tardif » sans justification valable pour ne pas se conformer à cet objectif révisé, qualifiant l'attitude espagnole de « terrible » et suggérant des répercussions négatives sur l'économie espagnole elle-même.
En réponse à cette injonction, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, maintient une position ferme, jugeant le budget de défense actuel « suffisant, réaliste et compatible avec l'État-providence » du pays. Cette opposition crée une fissure dans l'unité de l'OTAN, alors que l'Alliance cherche à consolider ses capacités. Il est à noter que, selon les estimations de l'OTAN, l'Espagne affichait l'an dernier le taux de dépenses de défense le plus faible de l'Alliance, s'élevant à 1,28 % de son PIB.
Les négociations précédant le sommet de La Haye furent tendues, Madrid ayant initialement jugé l'augmentation drastique « déraisonnable » et « contre-productive ». Bien que des diplomates aient indiqué qu'un accord avait été trouvé sur une déclaration fixant l'objectif de 5 % du PIB d'ici 2035, le Premier ministre Sánchez a affirmé que l'Espagne avait obtenu une exclusion de cet objectif, s'engageant plutôt à maintenir ses dépenses à 2,1 % du PIB. L'accord final aurait intégré une flexibilité, le libellé passant de « nous nous engageons » à « les alliés s'engagent », offrant ainsi une marge de manœuvre à Madrid.
Ce bras de fer illustre la tension entre les impératifs de sécurité collective, souvent dictés par les grandes puissances, et les priorités nationales, notamment le maintien d'un modèle social fort. L'Espagne, qui avait déjà dévoilé un plan industriel et technologique de 10,5 milliards d'euros en avril 2025 pour atteindre l'objectif initial de 2 % d'ici 2025, se retrouve prise entre les attentes américaines et les contraintes budgétaires internes, y compris l'opposition de ses partenaires de coalition à un réarmement accru.