Le ministère de l'Enseignement supérieur des Talibans a ordonné le retrait et l'interdiction de 679 titres de livres dans les universités afghanes, invoquant des préoccupations relatives à l'alignement idéologique et sociétal.
Cette directive affecte un large éventail de disciplines, notamment le droit, les sciences sociales, la charia, le journalisme, l'économie et la sociologie. Les ouvrages en question sont jugés contraires à la « jurisprudence hanafite, à l'idéologie, à la charia, au journalisme, à l'économie et à la sociologie », et comprennent des textes sur le droit afghan, les droits des femmes, la démocratie et le rôle des femmes dans la vie publique, ainsi que des ouvrages historiques et éthiques. Cette mesure s'inscrit dans le cadre d'un effort plus large des Talibans pour exercer un contrôle idéologique sur le paysage éducatif du pays.
Cette purge systématique de matériels universitaires représente une restriction profonde de la liberté intellectuelle et de la recherche critique au sein du système d'enseignement supérieur afghan. Les experts expriment de vives inquiétudes quant au fait que de telles mesures non seulement étoufferont le discours académique, mais feront également régresser les normes éducatives de plusieurs décennies. Fiazullah Jalal, professeur à l'Université de Kaboul, a souligné que ces actions pourraient « ramener les étudiants afghans cent ans en arrière ».
Ce sentiment est corroboré par Naser al-Allah Stanekzai, conseiller principal à l'Université de Kaboul, qui suggère que le retrait de ces livres se produit parce qu'il n'y a « pas d'alternative », impliquant une réticence à s'engager avec des perspectives diverses. L'impact de ces interdictions de livres dépasse l'environnement académique immédiat. La politique plus large des Talibans visant à restreindre l'accès des femmes à l'éducation, y compris l'interdiction de fréquenter l'université depuis décembre 2022, exacerbe davantage l'appauvrissement intellectuel du pays.
Cette approche globale visant à contrôler l'information et à limiter les opportunités éducatives est considérée par beaucoup comme un effort délibéré pour façonner une génération selon une idéologie unique et rigide. Le retrait de livres sur les droits de l'homme, la démocratie et les droits des femmes est particulièrement alarmant, signalant un mépris pour les libertés fondamentales et les normes éducatives internationales. Les institutions universitaires, autrefois bastions de la pensée indépendante, sont de plus en plus remodelées pour se conformer aux croyances strictes des Talibans, entraînant une fuite des cerveaux importante alors que les universitaires quittent le pays.
Cette tendance indique une orientation vers un système éducatif isolé et régressif, dominé par un récit singulier, ce qui représente une menace importante pour le développement intellectuel de la jeunesse afghane et le progrès sociétal futur de la nation.