Une recherche récente menée par des universités brésiliennes a mis en lumière une relation étonnamment spécifique entre certaines chenilles et des espèces de fourmis. Publiée le 27 janvier 2025 dans la revue Insect Science, l'étude réalisée par des scientifiques de l'Université de São Paulo (USP), de l'Université fédérale du Rio Grande do Sul (UFRGS) et de l'Université fédérale d'Alagoas (Ufal) démontre que certaines chenilles interagissent exclusivement avec des espèces de fourmis spécifiques.
Dans l'expérience, les chercheurs ont observé que lorsque des chenilles des espèces Juditha molpe et Nymphidium chione étaient associées à des espèces de fourmis non natives, les fourmis les attaquaient et les tuaient. Cette agression se produisait malgré les tentatives des chenilles de communiquer par le biais d'organes spécialisés et de la sécrétion de liquides sucrés, qui signalent généralement aux fourmis qu'elles sont des alliées.
« Les hydrocarbures, qui forment la couche extérieure des fourmis et des chenilles, diffèrent considérablement. Les hydrocarbures des chenilles servent de signal alimentaire pour les fourmis », explique Luan Dias Lima, auteur principal de l'étude. Cette distinction chimique est cruciale pour la survie, car les chenilles comptent sur les fourmis pour se protéger contre les prédateurs.
Les chercheurs ont collecté des chenilles de la station écologique de Serra das Araras au Mato Grosso, en se concentrant sur les interactions entre les chenilles et leurs partenaires fourmis respectifs. L'étude souligne combien le bon partenaire fourmi est essentiel à la survie des chenilles, qui ne pondent des œufs que sur des plantes habitées par des espèces de fourmis spécifiques. Sans ces fourmis, les chenilles risquent fortement d'être prédatées.
Les recherches futures visent à examiner si de petites quantités d'hydrocarbures peuvent également dissuader d'autres ennemis naturels, tels que les prédateurs et les parasitoïdes, qui utilisent des indices chimiques pour localiser leurs cibles. Ce travail contribue non seulement à la compréhension des relations mutualistes dans la nature, mais ouvre également des voies pour explorer l'écologie chimique et des applications potentielles dans la gestion des ravageurs.