La capitale indienne, Delhi, confrontée à son smog hivernal récurrent, a lancé cette semaine des essais d'ensemencement des nuages. Cette initiative, menée par le gouvernement de Delhi en collaboration avec l'Institut Indien de Technologie de Kanpur (IIT Kanpur), vise à provoquer des précipitations artificielles afin d'alléger la couverture polluante qui enveloppe la métropole. Initialement, le calendrier prévoyait cinq opérations ciblées sur le nord et le nord-ouest de Delhi, étalées du 7 au 11 octobre 2025.
L'instrument principal de cette expérience est un avion Cessna 206H, chargé de disperser des agents tels que l'iodure d'argent dans les formations nuageuses. L'objectif est d'ensemencer une zone d'environ 100 kilomètres carrés par vol, dans l'espoir de déclencher une pluie capable de lessiver les particules en suspension. Cette tentative représente un moment charnière, car son succès pourrait constituer la plus grande opération d'ensemencement nuageux urbain menée en Inde à ce jour. L'opération est strictement encadrée par des protocoles de sécurité, nécessitant l'approbation de la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGCA) pour les autorisations de contrôle du trafic aérien.
Cependant, l'approche suscite des réserves scientifiques. Bien que des pays comme les Émirats Arabes Unis ou les États-Unis utilisent cette technique depuis des décennies, son efficacité demeure un sujet de débat, avec des études indiquant des augmentations de précipitations allant seulement de cinq à quinze pour cent dans des conditions idéales. Des experts du Ministère des Sciences de la Terre ont exprimé des doutes, soulignant que l'absence de nuages porteurs d'humidité durant la saison post-mousson rend le calendrier potentiellement inadapté d'un point de vue scientifique.
L'enjeu est considérable, car Delhi et sa région, qui abritent plus de 30 millions d'habitants, figurent régulièrement parmi les zones les plus polluées du monde, les hivers piégeant les émissions industrielles, les fumées de brûlis agricoles et les gaz d'échappement. Le ministre de l'Environnement, Manjinder Singh Sirsa, a confirmé que la première sortie d'essai avait eu lieu le 23 octobre, ouvrant la voie aux opérations prévues entre le 28 et le 30 octobre. Lors d'un vol récent, huit fusées, pesant chacune entre 2 et 2,5 kilogrammes, ont été utilisées, libérant leur contenu dans des nuages dont l'humidité était estimée à seulement 15 à 20 pour cent. L'avion a dû atterrir à Meerut en l'absence d'une installation d'atterrissage appropriée à Delhi qui n'aurait pas perturbé les opérations aériennes de l'aéroport.
L'attention se porte désormais sur les résultats. Si ces essais se révèlent fructueux, un plan d'action étendu pourrait être élaboré jusqu'en février. Cette démarche technologique reflète la volonté des autorités de transformer une contrainte environnementale en une opportunité d'exploration et d'innovation, soulignant la nécessité d'aligner l'action sur une compréhension profonde des mécanismes naturels pour engendrer un changement durable.
