Le recensement le plus récent de la baleine franche de l'Atlantique Nord indique une légère augmentation de la population, atteignant une estimation de 384 individus, soit un gain de huit unités par rapport à l'année précédente. Cette inflexion positive rompt avec une décennie de déclins préoccupants pour cette espèce classée en danger critique d'extinction. Ce regain d'optimisme est attribué à la consolidation des mesures de conservation mises en œuvre, notamment des réglementations renforcées contre les abordages de navires et les enchevêtrements dans les engins de pêche.
En septembre 2023, l'administration Biden-Harris avait d'ailleurs débloqué une enveloppe substantielle de 82 millions de dollars pour financer l'adoption de technologies novatrices visant à réduire les risques encourus par ces cétacés. Malgré cet élan, la survie de l'espèce demeure fragile. Le nombre de femelles en âge de se reproduire reste alarmant, se maintenant sous la barre critique des 70 individus. Le Consortium de la Baleine Noire de l'Atlantique Nord souligne l'impératif d'une protection soutenue pour garantir la pérennité de l'espèce.
Les biologistes rappellent que l'intervalle normal entre les naissances, qui est de trois à cinq ans, s'est étiré jusqu'à dix ans en raison du stress chronique et des traumatismes liés aux enchevêtrements, ce qui fragilise la récupération des effectifs. Les menaces actuelles ont évolué depuis l'époque de la chasse intensive de la fin des années 1880: les enchevêtrements et les collisions avec les bateaux sont désormais les principaux facteurs limitatifs, exacerbés par les changements climatiques qui perturbent leur source de nourriture, le copépode Calanus.
Des stratégies dynamiques, fruit d'efforts concertés entre les gouvernements canadien et américain, les scientifiques et les industries maritimes, sont en place. Au Canada, des fermetures de pêche et des zones de limitation de vitesse pour les navires sont déclenchées en fonction de la détection des baleines dans des secteurs cruciaux comme le golfe du Saint-Laurent et la baie de Fundy. Ces ajustements, basés sur les données scientifiques, témoignent d'une prise de conscience collective de l'interdépendance entre les activités humaines et la santé des écosystèmes marins.
Un signe d'espoir notable pour 2024 est l'observation de 19 nouveaux baleineaux, le nombre le plus élevé enregistré depuis 2013. Ce chiffre encourageant confirme que les stratégies de gestion peuvent produire des résultats lorsque la vigilance est maintenue. Chaque naissance représente une affirmation de la capacité de régénération de la vie marine lorsque les conditions environnementales sont ajustées pour un flux plus harmonieux.
