L'emblématique Manchot de Humboldt, espèce marine caractéristique des côtes chiliennes, fait face à une aggravation de sa situation. Le Ministère de l'Environnement du Chili a officiellement procédé à sa reclassification, le faisant passer du statut de « vulnérable » à celui d'« en danger » suite à des données alarmantes sur l'érosion de sa population sur les cinq dernières décennies. Ce changement de statut souligne la gravité des menaces pesant sur cet oiseau marin, dont l'aire de répartition s'étend le long des rivages du Chili et du Pérou, et signale une perturbation profonde de l'équilibre de cet écosystème côtier.
Plusieurs facteurs critiques convergent pour précipiter le déclin de cette population. L'enchevêtrement dans les filets de pêche demeure un péril constant, occasionnant des mortalités accidentelles. Simultanément, la surpêche des ressources alimentaires essentielles, telles que les sardines et les anchois, engendre une pénurie alimentaire critique pour les colonies. À ces menaces s'ajoute la pression exercée par la grippe aviaire: en 2023, cette maladie a engendré une mortalité substantielle parmi les manchots de Humboldt, avec 1 186 individus morts recensés par Sernapesca au début de cette année-là. Les phénomènes climatiques cycliques, comme El Niño, dérèglent également les chaînes alimentaires marines, impactant directement le succès reproducteur.
Face à cette situation critique, le gouvernement chilien a dévoilé une stratégie de conservation majeure. Le 26 juillet 2024, la Ministre de l'Environnement a présenté le Plan National pour la Conservation du Manchot de Humboldt, baptisé Plan RECOGE. Cette stratégie ambitieuse, conçue pour une période de vingt ans, vise à atténuer les menaces identifiées et à renforcer la protection de l'espèce. Le Plan RECOGE est le fruit d'une collaboration entre plusieurs entités gouvernementales, dont la CONAF, le Ministère de l'Environnement, Sernapesca et Subpesca, reconnaissant ainsi l'urgence d'une gestion intégrée des ressources et des territoires.
Les spécialistes rappellent que le redressement de l'espèce sera un processus lent, compte tenu de son cycle de reproduction naturellement long, ce qui impose une action immédiate et pérenne pour sanctuariser les environnements marins vitaux. En parallèle, des défis environnementaux sous-jacents persistent: des études de l'Université de Valparaíso indiquent que la fragmentation des habitats côtiers due au développement humain non régulé a réduit de près de 30 % les sites de reproduction viables au cours des dix dernières années, un facteur qui devra être adressé pour assurer la pérennité des efforts de conservation.