Les forces de l'ordre déploient de plus en plus des chiens spécialement dressés pour débusquer les appareils électroniques cachés, une tactique innovante qui renforce considérablement la lutte contre la cybercriminalité.
Ces chiens, véritables alliés dans la quête de preuves numériques, sont formés pour localiser des objets tels que des cartes SIM, des clés USB et des téléphones portables, des éléments cruciaux dans les enquêtes sur une multitude d'infractions. Ces chiens détecteurs d'électronique, souvent des Labradors en raison de leur motivation par la nourriture et de leur flair exceptionnel, sont entraînés à reconnaître une substance chimique spécifique, le triphénylphosphine oxyde (TPPO). Ce composé, utilisé dans la fabrication de nombreux appareils électroniques pour prévenir la surchauffe, émet une odeur imperceptible pour l'homme mais distincte pour le chien.
Cette capacité à identifier le TPPO permet aux chiens de localiser des appareils même lorsqu'ils sont dissimulés dans des endroits difficiles d'accès, tels que des meubles, des prises électriques ou des faux plafonds, des endroits que les enquêteurs humains pourraient manquer. L'efficacité de ces équipes cynophiles a déjà été démontrée dans des affaires complexes, notamment celles impliquant l'exploitation des enfants en ligne et la traite des êtres humains.
Le programme de la police d'État du Connecticut, pionnier dans ce domaine depuis 2013, a vu ses chiens localiser des disques durs cachés qui ont joué un rôle déterminant dans des condamnations. Plus récemment, en Australie, l'Australian Federal Police (AFP) a étendu son programme de chiens détecteurs de technologie, formant des Labradors pour trouver des clés USB et des cartes SIM, renforçant ainsi sa capacité à recueillir des preuves numériques essentielles dans des enquêtes allant de la protection de l'enfance au contre-terrorisme. L'AFP a indiqué que depuis 2019, ses chiens ont permis de localiser plus de 120 appareils.
L'utilisation de ces chiens ne se limite pas aux cas d'exploitation d'enfants. Ils sont également déployés dans des enquêtes sur des agressions graves, des vols de véhicules et des réseaux de criminalité organisée. L'idée est que là où les stupéfiants ou les explosifs ont des odeurs spécifiques, les appareils électroniques ont également une signature chimique détectable. Cette approche permet aux forces de l'ordre de rassembler une image plus complète des activités criminelles, en découvrant non seulement les preuves physiques mais aussi les outils numériques qui les sous-tendent.
L'initiative de Suffolk Police au Royaume-Uni, avec ses trois nouveaux chiens détecteurs numériques, illustre cette tendance, ces chiens étant capables de trouver une large gamme d'articles numériques, des petites cartes SIM aux disques durs et aux clés USB. L'entraînement de ces chiens est rigoureux, impliquant des semaines d'imprégnation olfactive et un travail continu avec leurs maîtres pour affiner leurs capacités. Cette collaboration homme-animal représente une avancée significative dans la lutte contre la cybercriminalité, offrant une méthode rapide et efficace pour découvrir des preuves numériques souvent dissimulées, et permettant ainsi aux autorités de rester une longueur d'avance sur les criminels à l'ère numérique.