Face à un paysage sécuritaire européen en mutation, l'Allemagne réexamine son service militaire. Le gouvernement, sous la houlette du Chancelier Friedrich Merz, prépare une réforme majeure visant à renforcer la Bundeswehr et à répondre aux exigences de l'OTAN en matière d'effectifs. Cette réforme, dont l'adoption est prévue pour fin août 2025, entrera en vigueur le 1er janvier 2026.
Le cœur de cette initiative est l'introduction d'un service militaire volontaire, conçu pour être plus attrayant à partir de 2026. Tous les jeunes de 18 ans recevront une lettre de la Bundeswehr accompagnée d'un questionnaire évaluant leur disposition à servir et leur aptitude physique. La réponse sera obligatoire pour les hommes et facultative pour les femmes. L'objectif est d'accroître le nombre de volontaires pour un service d'une durée minimale de six mois. Cependant, si le nombre de volontaires s'avère insuffisant, le gouvernement pourra décider de réintroduire la conscription obligatoire, sous réserve de l'approbation du Bundestag. La Bundeswehr compte actuellement environ 183 000 soldats, et l'ambition est d'atteindre 260 000 soldats professionnels d'ici 2035, tout en augmentant le nombre de réservistes de 60 000 à 200 000. Ces défis de recrutement sont considérables, l'OTAN demandant une augmentation de 60 000 soldats pour répondre aux nouvelles menaces, notamment celles émanant de la Russie suite à l'invasion de l'Ukraine en 2022.
Des obstacles pratiques se dressent également, notamment en ce qui concerne la réactivation des réservistes. Les lois strictes sur la protection des données, telles que le RGPD et le BDSG allemand, limitent la capacité de l'armée à contacter et mettre à jour les informations des anciens militaires, entraînant une perte de contact avec près d'un million de personnes potentiellement éligibles pour le service de réserve. Au sein de la coalition gouvernementale, des divergences subsistent, le Ministre de la Défense Boris Pistorius (SPD) misant sur un service volontaire attrayant, tandis que des critiques au sein de la CDU/CSU, comme Norbert Röttgen, expriment des inquiétudes quant à l'efficacité de cette approche et critiquent l'absence de transition automatique vers la conscription en cas d'échec du volontariat.