Première mondiale à Berlin du dernier film de Wolfgang Becker, « Le Héros de la Gare Friedrichstraße »

Le 2 décembre 2025 a marqué à Berlin la première mondiale de « Der Held vom Bahnhof Friedrichstraße » (Le Héros de la Gare Friedrichstraße), l'œuvre cinématographique posthume du regretté réalisateur Wolfgang Becker. Ce long métrage a été accueilli par une ovation debout nourrie de la part de l'assistance, témoignant de l'émotion suscitée par cette ultime contribution.

Cette tragi-comédie, qui adapte le roman éponyme de Maxim Leo, constitue un adieu poignant à la carrière de Becker, cinéaste auréolé de succès, notamment pour son film « Good Bye, Lenin! » (2003). Ce dernier lui avait valu l'European Film Award ainsi que le Prix du cinéma allemand du meilleur film européen. Wolfgang Becker s'est éteint le 12 décembre 2024 à l'âge de 70 ans. Il avait eu la prévoyance de terminer le tournage peu de temps avant son décès. Par conséquent, la date de sortie en salles, fixée au 11 décembre 2025, revêt un caractère hautement symbolique : elle intervient exactement un an après sa disparition. Ses collaborateurs de longue date, le réalisateur Achim von Borries et le producteur Stefan Arndt, ont supervisé la post-production, veillant à ce que le travail soit achevé dans le respect scrupuleux de la vision initiale du maître.

L'adaptation du roman a été scénarisée par Constantin Lieb, en collaboration étroite avec Becker lui-même. Fait amusant, les deux hommes apparaissent d'ailleurs dans des rôles épisodiques, incarnant les « Observateurs 1 et 2 ». L'intrigue se concentre sur Michi Hartung, interprété par Charlie Hübner, propriétaire d'un vidéoclub berlinois au bord de la faillite. À l'occasion du trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, un journaliste ambitieux présente par erreur Michi comme l'instigateur de la plus grande évasion collective de la RDA, survenue en 1984 grâce à un aiguillage ferroviaire mal orienté, permettant à 127 personnes de rejoindre l'Ouest. Ce mythe médiatique propulse ce petit entrepreneur malchanceux au rang de héros national, l'obligeant à s'enfoncer dans un labyrinthe de demi-vérités et de mensonges purs et simples. Le film explore ainsi avec finesse la culture de la mémoire allemande et la puissance des narratifs véhiculés par les médias.

La distribution réunit un éventail représentatif du cinéma allemand contemporain. On y retrouve Daniel Brühl, Christiane Paul, Jürgen Vogel et Leonie Benesch, tous familiers de l'univers de Becker, ainsi que la patineuse artistique Katarina Witt, qui tient un petit rôle. D'une durée de 113 minutes, le long métrage aborde des thèmes fondamentaux comme la hiérarchie de l'historiographie, la force intrinsèque du récit (storytelling) et la ligne ténue qui sépare le fait avéré de la pure fiction. La production a été assurée par X Filme Creative Pool, en coproduction avec HR, Kalamata Film, Pergamon Film et Koryphäen Film. La distribution en Allemagne est gérée conjointement par X Verleih et Warner Bros. Le film, dont la sortie nationale est prévue pour le 11 décembre 2025, se présente comme une esquisse chaleureuse et profondément humaine sur l'existence, vue comme un jeu constant entre l'oubli et l'invention de soi.