La production de thé dans l'État d'Assam, au nord-est de l'Inde, est gravement affectée par des conditions météorologiques extrêmes, notamment des sécheresses prolongées et une augmentation des températures. Cette situation a entraîné une baisse significative des récoltes, menaçant l'avenir d'une industrie vitale pour la région.
En 2024, la production de thé en Assam a chuté de 7,8 %, atteignant un peu moins de 1,3 milliard de kilogrammes. Parallèlement, les prix du thé ont connu une augmentation de près de 20 %. Les cueilleurs expérimentés rapportent une diminution substantielle de leur rendement quotidien, certains ne récoltant plus qu'environ 60 kilogrammes contre 110 kilogrammes auparavant, en raison des températures plus élevées. Cette réduction des rendements a un impact direct sur le revenu des travailleurs, qui dépendent de leur production journalière, et exerce une pression financière supplémentaire sur une industrie déjà confrontée à des marges bénéficiaires réduites et à un endettement important.
Ces contraintes financières limitent les investissements nécessaires à l'entretien des plantations, au remplacement des théiers vieillissants et au développement de variétés de thé plus résistantes au climat. La qualité du thé d'Assam, autrefois réputée inégalée, est désormais compromise par le changement climatique et les infestations de parasites. Des études, notamment celle de l'IIT de Guwahati, indiquent que l'augmentation de la température moyenne annuelle de 0,049°C entre 1990 et 2019, combinée à une baisse des précipitations, affecte directement le rendement des cultures.
À ces défis climatiques s'ajoutent de nouvelles réglementations européennes, annoncées pour mai 2025, qui restreindront l'utilisation de certains pesticides dans la production de thé. La réduction des Limites Maximales de Résidus (LMR) pour des pesticides tels que le thiaméthoxam et le clothianidin représente une menace potentielle pour les exportations de thé d'Assam vers l'Union Européenne et le Royaume-Uni. L'UE a fixé de nouvelles LMR qui entreront en vigueur en mai 2025 et mars 2026, affectant potentiellement 40 millions de kilogrammes de thé d'Assam exportés chaque année vers ces marchés. L'industrie indienne du thé sollicite une période de transition de cinq ans pour s'adapter à ces nouvelles normes.
Historiquement, la culture du thé en Assam remonte au début du 19ème siècle, introduite par la Compagnie britannique des Indes orientales. La découverte de plants de thé indigènes par Robert Bruce en 1823 a marqué le début de cette industrie florissante. Le secteur du thé a joué un rôle crucial dans l'économie et la diversité culturelle de l'Assam, employant une main-d'œuvre importante, majoritairement féminine. Cependant, les défis actuels, exacerbés par les aléas climatiques et les contraintes réglementaires, exigent des stratégies d'adaptation et un soutien accru pour assurer la pérennité de ce secteur emblématique.