Au Gabon, le programme Sustainable Wildlife Management (SWM) aide des communautés rurales volontaires à mettre en place des pratiques de chasse durables sur leurs terres traditionnelles tout en les aidant à obtenir les droits officiels nécessaires auprès du gouvernement.
Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a alerté dans son rapport Planète vivante 2024, publié en octobre, sur le déclin accéléré des populations d'espèces sauvages à l'échelle mondiale. Le rapport indique que 73 % des espèces sauvages ont disparu au cours des 50 dernières années, un chiffre qui a augmenté de 69 % en 2022, principalement en raison de la dégradation de l'habitat, de la surexploitation, des espèces envahissantes et des maladies zoonotiques. La chasse de subsistance pratiquée par les communautés pour obtenir des protéines animales est identifiée comme un facteur contribuant à ce déclin.
Une étude publiée en juillet 2024 dans la revue Nature met en évidence la pression que les communautés de chasseurs exercent sur la faune dans leurs territoires. Réalisée au Gabon, qui est largement couvert par des forêts tropicales denses, la recherche a impliqué 314 chasseurs de 10 communautés sur une période de 42 mois, documentant près de 13 000 voyages de chasse et utilisant de nombreux pièges photographiques pour évaluer les populations de faune.
Les résultats ont révélé diverses stratégies de chasse parmi les communautés, la chasse au fusil représentant 78 % de tous les animaux prélevés. Les espèces les plus chassées comprenaient les céphalophes bleus et d'autres ongulés, représentant une part significative de la faune prélevée. Cependant, l'étude suggère que ces chasseurs peuvent jouer un rôle essentiel dans la gestion durable de la faune, contribuant à la conservation des écosystèmes conformément au cadre mondial de biodiversité visant à protéger 30 % de la planète d'ici 2030.
Davy Fonteyn, chercheur au CIRAD en France, a noté que les chasseurs pouvaient surveiller activement les populations animales et gérer les pratiques de chasse de manière durable grâce à des approches communautaires. Cela implique la création d'associations de chasse communautaires avec des plans de gestion qui définissent des quotas et favorisent la participation à la surveillance de la faune.
Le programme SWM, financé par l'Union européenne et d'autres organisations, vise à promouvoir une chasse villageoise durable et à fournir des sources alternatives de protéines aux communautés de chasseurs. Le programme plaide pour la reconnaissance formelle des droits des communautés sur la faune, leur permettant de gérer les ressources de manière durable et de lutter contre l'exploitation illégale.
Un groupe de travail multi-acteurs sur la chasse et la commercialisation de la faune sauvage a été établi, impliquant des chasseurs, des restaurateurs et des gestionnaires forestiers pour aborder les lacunes juridiques et intégrer les pratiques traditionnelles dans les lois de gestion de la faune.
Lucien Massoukou, Directeur général de la faune et des aires protégées, a souligné la nécessité d'adapter les réglementations de chasse aux pratiques locales pour garantir la durabilité à la fois de la faune et des moyens de subsistance des communautés.