Une étude récente publiée dans la revue *Science China Earth Sciences* révèle une augmentation inattendue de la masse de la calotte glaciaire de l'Antarctique de l'Est entre 2021 et 2023. Les chercheurs de l'Université Tongji, en Chine, ont analysé les données des satellites GRACE et GRACE-FO de la NASA, observant un gain moyen de 108 gigatonnes de glace par an dans les régions de Wilkes Land et de Queen Mary Land durant cette période. Ce phénomène marque un changement notable par rapport à la tendance générale de recul des glaces antarctiques, qui avait montré une perte continue au cours des décennies précédentes.
Les scientifiques attribuent cette augmentation à une atmosphère plus chaude et plus humide, apportant des chutes de neige abondantes qui se sont compactées pour former de la nouvelle glace. Des glaciers spécifiques tels que le Totten, le Denman et le Moscow ont ainsi inversé leur tendance de perte de masse. Cette accumulation de glace a temporairement réduit la contribution de l'Antarctique à l'élévation du niveau de la mer d'environ 0,3 mm par an. Cependant, les chercheurs insistent sur le fait que ce phénomène ne signifie pas un ralentissement du réchauffement climatique global. L'Antarctique de l'Ouest, en particulier, continue de perdre de la glace à un rythme élevé, maintenant ainsi un bilan global négatif. L'augmentation de la masse glaciaire dans l'Est de l'Antarctique est considérée comme une anomalie météorologique, potentiellement liée à des variations dans la température de l'océan, la circulation atmosphérique et la disponibilité de vapeur d'eau.
Des études antérieures, comme celle de 2018 publiée dans *Geophysical Research Letters*, avaient déjà identifié des augmentations significatives de l'accumulation de neige dans certaines régions de l'Est de l'Antarctique, suggérant que le réchauffement climatique, en augmentant la capacité de l'atmosphère à retenir la vapeur d'eau, pouvait entraîner une augmentation des précipitations. Malgré cette observation surprenante, les scientifiques appellent à la prudence et à des recherches supplémentaires avant de parler d'un changement de paradigme. Les données de la NASA suggèrent même que cette tendance de fortes précipitations observée dans le rapport pourrait avoir disparu en 2025, revenant aux niveaux d'avant 2020. Cette période de gain de masse est un rappel que le climat est un système complexe, où des événements ponctuels peuvent masquer la tendance de fond. La perte globale de glace en Antarctique, particulièrement dans l'Ouest, reste une préoccupation majeure, avec une perte nette d'environ 1,85 trillion de tonnes de glace entre 2002 et 2023, selon les données des satellites GRACE et GRACE-FO. L'évolution future de la calotte glaciaire antarctique dépendra de la manière dont nous parviendrons à gérer le réchauffement climatique global.