Depuis quelques années, des artistes féministes ont entrepris de réinterpréter le mot allemand autrefois offensant "Fotze" [ˈfɔtsə], qui se traduit littéralement par "con", et de l'utiliser comme symbole d'autonomisation. Cette tendance se manifeste dans diverses expressions artistiques et discussions publiques.
Le Dr. Oksana Havryliv, linguiste à l'Université de Vienne, étudie depuis des années l'utilisation des jurons et leur impact social. Elle explique que l'appropriation de tels termes par les femmes est une manière de se libérer de la connotation négative antérieure et de reprendre le pouvoir sur le langage. On peut voir cela comme un parallèle avec la réappropriation du mot 'pute' en France par certaines militantes.
Un exemple de cette évolution est la rappeuse Ikkimel, qui a sorti son album intitulé "Fotze" en 2025. Dans une interview, elle a souligné que l'utilisation de ce terme dans son travail est un acte d'autonomisation et contribue à transformer les associations négatives qui y sont liées. On pourrait comparer cela à l'utilisation de termes comme 'salope' par des artistes françaises pour dénoncer le sexisme.
Ce mouvement ne se limite pas à la scène musicale. En 2023, le Hamburger Museum für Kunst und Gewerbe a inauguré l'exposition "The F*Word", qui traite de la représentation des femmes dans l'art et inclut le terme "Fotze" dans le cadre de la discussion féministe. Cette démarche rappelle les débats autour de la représentation du corps féminin dans l'art contemporain français.
Malgré cette appropriation positive, des voix critiques se font également entendre. Certains soutiennent que l'utilisation de tels jurons par les femmes ne modifie pas réellement la hiérarchie sociale existante et ne fait qu'intérioriser le pouvoir de l'insulte originelle. C'est un argument souvent avancé dans les débats sur le féminisme en France.
Globalement, l'engagement avec le mot en "F" est une question complexe qui offre à la fois des opportunités d'autonomisation et des défis en termes de normes sociales et de structures de pouvoir. La question de la laïcité, souvent au cœur des débats en France, pourrait également influencer la perception de cette réappropriation.